Nouvelle Lune (partie 73)
Guidée par Liam, Kelly se retrouva devant une cabane et, en y entrant, elle rencontra un couple qui lui annonça être ses parents...
Kelly laissa passer son regard se la femme à l'homme, puis de l'homme à la femme un nombre incalculable de fois, sa bouche ouverte d'incrédulité et les yeux se remplissant de larmes au fur et à mesure que ces paroles se frayaient un chemin dans sa tête. C'était donc eux. C'était eux qui lui avaient donné la vie. C'étaient eux qu'elle rêvait de connaître depuis tout ce temps. Eux qu'on lui avait caché, qu'on avait tenté de lui faire oublier. Elle n'arrivait pas à le croire. N'arrivait pas à réaliser qu'elle les rencontrait enfin. Alors elle restait immobile, à fixer ces deux personnes, ses parents, ceux qui l'avaient mis au monde. À quelques reprises, elle tenta de refermer sa bouche, mais celle-ci finissait toujours par retomber, le choc ne lui laissant pas le choix. C'étaient ses parents, qui étaient devant elle. C'était eux. Enfin. Dans un contexte qu'elle ne s'était jamais imaginé, mais vraiment eux. Combien de fois avait-elle rêvé à ce moment, à sa réaction face à cela ? Elle s'était imaginée leur sauter dans les bras, leur demander les yeux brillants d'excitation leur histoire, ce qui avait fait qu'ils étaient partis. Et, comme de fait, rien n'était comme elle l'avait soupçonné. Elle n'avait pas les mots, ne savait plus parler, ni bouger. Elle ne savait plus rien faire excepté contempler. Et pleurer. Mais ces larmes n'avaient pas le goût amer qu'elles prenaient habituellement. Elles étaient libératrices, ces larmes. Elles coulaient le long de ses joues, s'attardant longuement sur elles. Après tout, on ne libérait pas une vie d'espoir d'un coup. On ne prenait pas conscience d'un seul coup que son plus grand rêve se réalisait.
Kelly était incapable de mettre en mots ce qu'elle ressentait. C'était si vague, si inhabituel. Quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Et tellement percutant. Elle n'arrivait même plus à penser, n'arrivait pas à comprendre ce qui était en train de se passer. La scène qu'elle vivait était passée au stade de rêve, de ce qui ne peut qu'exister que dans les songes. Sa gorge était nouée et ses cordes vocales n'avaient plus aucune utilité. Pas même un sanglot ne parvenait à franchir ses lèvres. Ses traits étaient fixés dans une tristesse immense, dans un émoi sans nom. Sa lèvre inférieure tremblait incessamment et, dans son esprit, tout se mélangeait. Elle rencontrait ses parents. Elle avait ses parents devant elle.
Soudain, ces années de manque, toutes ces années où elle avait senti qu'une pièce manquait à son existence, ces années où il lui avait manqué l'amour de ses géniteurs, de ses parents biologiques, la rattrapèrent. Elles la heurtèrent de plein fouet, firent céder toutes ses barrières. Et ce ne fut qu'à ce moment qu'elle réalisa à quel point elle avait rêvé de cette rencontre. À quel point, à force, elle ne l'espérait plus. À quel point elle avait elle-même détruit ses propres espoirs par peur d'être déçue.
Les larmes coulèrent.
Dans sa tête, tout était confus et elle ne parvenait pas à différencier ce qui l'entourait mis à part ces deux silhouettes. Particulièrement celle de la femme dont les yeux reflétaient ses propres émotions. Un mot commença à se former sur ses lèvres sans qu'elle n'en ait conscience, étranglé dans sa gorge et ses larmes.
— Maman ?
Ce simple mot bouleversa encore plus la jeune femme. Laurie-Anne. Sa main se porta à sa bouche et, en sanglotant davantage, elle parvint à prononcer son nom.
— Kelly.
N'en pouvant plus, alors que sa mère lui ouvrait les bras, la fillette y plongea en pleurant toutes les larmes de son corps.
Les bras de la femme se refermèrent sur elle, et la fillette se sentit immédiatement à sa place, comme si cette petite bulle avait été créée spécialement pour elle. Ce qui, d'un côté, était vrai. C'était une place qu'elle aurait dû découvrir depuis longtemps, où elle aurait dû se réfugier bien avant. Blottie entre les bras de sa mère, les larmes de celle-ci lui mouillant les cheveux, elle pleura. Pleura tant qu'elle oublia. Oublia tout le reste de sa vie, oublia tout sauf ces bras où elle se sentait si bien, l'effet si naturel et apaisant qu'avait sa mère sur elle et les émotions qui lui nouaient la gorge. Ces émotions qui la bouleversaient.
La bulle de chaleur et d'amour que sa mère lui créait.
C'était donc ça, l'amour maternel ?
Au bout de quelques secondes, une autre paire de bras vint s'ajouter à leur duo. Des bras doux, chauds, protecteurs. Les bras de son père. Une autre personne qu'elle avait tant rêvé rencontrer. Thomas. Elle les avait tant imaginés, ces bras, que de les avoir réellement autour d'elle lui paraissait invraisemblable. Elle n'arrivait pas à croire, à prendre conscience de tout ce que cela signifiait. Comme si son cerveau réfutait l'information tant il l'avait attendue longtemps.
Kelly se sentait tellement acceptée, comprise et à sa place. Elle aurait voulu que ce moment ne se termine jamais, qu'elle passe tout le reste de sa vie avec ces personnes à rattraper le temps perdu. Ces deux êtres qu'elle aurait voulu avoir dans son quotidien tellement plus tôt. Elle n'avait aucun autre endroit où être, présentement. Elle n'aurait jamais pu se sentir plus épanouie qu'en ce moment. Ce moment si parfait qu'il en semblait irréel. Elle et ses parents. Plus rien d'autre ne comptait. Elle les rencontrait enfin. Le mieux, c'était que tout ceci lui paraissait complètement naturel. Comme si elle revoyait de vieilles connaissances. À aucun moment il n'y avait eu de blancs, ou une absence d'émotions. C'était comme si, toute leurs vies, ils avaient attendu ce moment. Ce moment où ils seraient enfin réunis. Unis par le destin, par l'univers lui-même. En ce moment, celui-ci ne tournait plus qu'autour d'eux et des sensations qu'ils vivaient. Des émotions qui les unissaient avec une efficacité redoutable.
De plein fouet, la fillette réalisa qu'elle se sentait complète. Que cette part d'elle qui manquait sans même qu'elle n'en ait conscience venait d'être comblée. Ce ne pouvait être que cela : comment pourrait-elle expliquer cette sensation qui tourbillonnait dans sa poitrine, autrement ?
Elle venait de trouver sa part manquante.
Tout ce qui manquait à sa vie.
Cette prise de conscience ne fit que redoubler ses larmes.
Enfin.
Ce mot trottait dans son esprit, y était omniprésent. Enfin. Enfin, elle les rencontrait. Enfin, elle voyait se profiler la vie dont elle avait tant rêvé.
Enfin, elle se sentait à sa place.
C'était ce qui définissait le mieux son état d'esprit. Elle se sentait à sa place. Elle avait l'impression d'être véritablement importante, de valoir quelque chose. Tous des éléments qui lui avaient manqué sans qu'elle ne le réalise vraiment avant ce jour. Des éléments dont elle n'avait pas conscience mais qui, pourtant, la rongeait de l'intérieur.
De toute sa vie, celui-ci était le plus beau qu'elle ait vécu.
Celui où elle avait enfin senti qu'elle valait quelque chose.
Autour d'elle, les bras de sa mère se resserrèrent. Les sanglots de son père commencèrent à résonner dans l'habitacle, se mêlant aux siens et à ceux de sa femme. Kelly, bercée par cette mélodie insolite, se pressa un peu plus fort contre Laurie-Anne. Elle n'aurait pas voulu bouger de là, n'aurait jamais voulu se réveiller de ce doux rêve qui la berçait. Et pourtant, elle avait besoin de savoir. Ses questions avaient enfin la possibilité de trouver leurs réponses. Elle avait enfin la possibilité de savoir. Et elle saurait. Enfin. Pourquoi on n'avait jamais voulu lui glisser un mot sur eux. Ce qu'ils avaient fait pour être reniés de tous. Être reniés de chez eux.
Doucement, elle calma l'intensité de ses sanglots alors que la raison la rattrapait et, avec elle, la folle envie de découvrir enfin la vérité. Elle relâcha son étreinte, cligna des yeux pour chasser les larmes qui venaient. Renifla encore un peu.
En voyant ce qu'elle faisait, les adultes autour d'elle l'imitèrent, comprenant que son humeur avait changée. Ils ramollirent leur étreinte et Thomas fut le premier à se dégager pour lui donner la chance de s'exprimer.
Et seulement alors, Kelly eut la chance de relever la tête.
Elle tomba presque immédiatement prisonnière des yeux de sa mère. Des beaux yeux noisette, comme les siens. Emplis de larmes, figés dans une expression tellement émue. Elle aussi avait dû attendre ce moment longtemps.
Ces yeux se gravèrent dans sa mémoire et elle se promit de ne jamais les oublier. Ils étaient trop importants pour être effacés de son subconscient. Des yeux dont elle avait hérités, des yeux qui la regardaient comme la mère qu'elle était, des yeux qui s'étaient vus rejetés, qui avaient vu sa fille être transmis à quelqu'un d'autre.
Du moins, c'est ce qu'elle croyait.
Il fallut de longues secondes à Kelly pour se rappeler qu'elle n'avait pas interrompu leur étreinte pour contempler ces yeux et plusieurs clignements de paupières avant qu'elle ne réussisse à formuler dans sa tête quelque chose de cohérent. Quelque chose qui méritait d'être dit. Son regard bifurqua sur son père, debout à quelques pas d'elles, puis revint sur sa mère qui retira sa main de son dos une seconde pour s'essuyer les yeux en souriant de son mieux.
Kelly les contempla longuement, tous les deux, à vouloir immortaliser chacun de leurs détails dans sa mémoire sur-le-champ. Elle tenta de prononcer ce qu'elle voulait dire, mais les mots moururent dans sa bouche un nombre incalculable de fois. Elle était devenue muette. Était incapable de prononcer une seule parole. L'émotion l'avait privée de sa voix.
Alors, elle s'arracha avec la plus grande des douceurs des bras de sa mère où elle se sentait si bien, ce qui lui prit un effort considérable. Mais elle était incapable de pense si près de ces individus. Tout son être ne réclamait que le moment présent et repoussait par le fait même toute pensée parasite.
Lorsqu'elle ne sentit plus les mains de sa mère sur elle, Kelly recouvra un semblant de contenance et parvint à faire le tri dans ses pensées. Dans sa tête passèrent mille et un scénarios sur la manière d'aborder ces personnes, qui lui semblaient venues d'un autre monde tant elle avait rêvé à eux, pour finalement revenir à l'essentiel. Son visage rosi par l'excitation et les pleurs retrouva un teint plus mat, elle sécha ses larmes et aborda l'expression sérieuse que méritait ce qu'elle s'apprêtait à dire.
Visiblement, ses parents comprirent que le moment n'était plus aux larmes puisqu'ils l'imitèrent, eux avec de l'inquiétude baignant leurs visages.
Kelly déglutit une fois. Deux fois. Cherchant le courage de lancer cette discussion. C'était beaucoup plus difficile qu'elle ne l'aurait cru, elle avait l'impression que tout ce qu'elle pourrait prononcer n'était pas assez bien. Comment lançait-on une discussion difficile avec des gens qu'on n'avait jamais connus mais dont on se sentait si proche ?
Finalement, elle oublia ses pensées qui l'empêchaient de s'exprimer. Et ce fut une évidence qui naquit sur ses lèvres, une façon pour elle de lancer ce sujet qui la taraudait depuis qu'on avait refusé pour la toute première fois de lui dire quoique ce soit sur ses parents. Elle se lança.
— Il faut qu'on parle.
Hello !! J'espère que vous vous portez bien en cette première semaine de retour à l'école ! Pour ma part, ça a été une semaine fatigante, reprendre la routine a quelque chose d'épuisant. Mais ce qui est sûr, c'est que je veux, une fois que le rythme sera repris, greffer une petite routine d'écriture à mon quotidien pour ne pas perdre cette passion qui m'anime depuis quelques mois. Je veux me libérer du temps pour écrire. Entre autres parce que j'ai comme objectif de terminer Nouvelle Lune avant le 5 octobre. Je prévois environ écrire 120k mots en tout, environ, et j'en suis à 112k, alors il faut que je m'y mette, il me reste un mois pile ! Surtout que je n'ai pas écrit depuis le 22 août, et ça me manque. Si possible, j'aimerais vraiment écrire aujourd'hui. Bref, j'espère vraiment que votre rentrée (ou la rentrée des membres de votre famille) a bien été, vous pouvez venir m'en parler si vous voulez, ça m'intéresse !! Et sinon ? Que dites-vous de cette partie ? Je crois que c'est l'une de mes préférées (oui, encore, et ça sera la même chose pour toutes celles qui suivront.) Et vous ?
Et n'oubliez pas, restez positifs !
Super ! Pour ma part, la rentrée a été un choc, il fallait que je me lève le matin ! Ensuite, la deuxième chose que je me suis dit était que je n'aimais pas mes camarades de classes, puis que je devais recommencer à mettre des bas. Je déteste mettre des bas. Aucune idée pourquoi, mais je déteste vraiment ça. Sinon, j'étais contente de revoir mes amis et de recommencer l'impro !
RépondreSupprimerJ'ai vraiment adoré cette partie et j'ai hâte à la suivante !
J'adore XD Super contente que cette partie t'aie plu, c'est tellement quelque chose qui me tient à coeur ! Nouvelle Lune en général, mais surtout cette partie parce que c'est comme un des moments les plus importants ! Alors super, merci beaucoup Laura !!
SupprimerJ'ai hâte d'entendre les explications des parents de Kelly. 🥰
RépondreSupprimerJ'ai hâte que vous les lisiez aussi !! J'ai eu tellement de plaisir à concocter leur histoire !!!
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