Nouvelle Lune (partie 70)
Alors que Mireille, Alex et Kelly ressassaient des souvenirs qu'ils avaient avec Nicolas, Florence vint les interrompre pour leur annoncer qu'il n'y avait pas de mort...
Alors que les jours passaient et que tout le monde se réveillait en vie, Kelly dut bien s'avouer que tout ceci était vraiment fini. Florence revenait sans cesse les trouver le matin venu, eux et tous les autres membres du hameau, pour leur annoncer qu'il n'y avait pas de mort. Ce n'était donc vraiment pas un cas à part, inexpliqué, comme c'était déjà arrivé une fois auparavant. C'était vraiment fini.
Son grand-père était vraiment une créature satanique.
Mais, malgré tout, elle n'arrivait pas à le croire. Non, il ne pouvait pas s'être laissé emporter par le mal. Même si c'était tout ce que la vie semblait lui crier. Les embrassades, les célébrations qui avaient eues lieu deux jours après la pendaison de Nicolas alors qu'aucun meurtre supplémentaire n'avait été commis, avaient un goût étrange. Un goût doux-amer. Parce que, si réaliser qu'elle ni aucun de ses proches ne risquait plus de mourir l'enchantait, la fillette n'arrivait toujours pas à assimiler que son tuteur était vraiment une créature satanique. Qu'il avait réellement commis des meurtres. Et puis, le deuil s'accrochait toujours à sa conscience comme un ami indésirable. Se réveiller les derniers jours sans voir son grand-père avait été l'une des épreuves les plus éprouvantes qu'elle avait eues à subir de toute sa vie. Parce que son absence, ces petits moments qui manquaient à sa journée, les réjouissances faites par l'ensemble des membres du hameau, ne lui rappelaient que davantage l'âme qu'elle avait perdue et, avec elle, la partie d'elle-même qui était morte. Parce qu'il était impossible que celui qui lui avait toujours servi de père meurt sans emporter une partie d'elle avec lui. Du moins temporairement. Les derniers jours, elle ne s'était pas sentie complète. Mais comment aurait-il pu en être autrement alors qu'un des piliers de sa vie n'était plus ?
Cela faisait exactement six semaines que la nouvelle lune maudite était passée et, dans le ciel, la lune, pleine, éclairait avec bonté Thiercelieux. Leur hameau dont les habitants retrouvaient enfin la joie de vivre. À la fenêtre de sa chambre, Kelly observait le ciel avec nostalgie, tentant de trouver celle qui servait de refuge à son grand-père. Celle d'où il l'observait. Cela la réconfortait de penser que son tuteur veillait sur elle, qu'il la regardait de l'au-delà. Peut-être était-ce seulement du déni. Le déni de savoir qu'il n'existait plus du tout. Mais, dans tous les cas, penser cela l'aidait dans son deuil et, à quelque part, c'était tout ce qui comptait.
— Je vais me coucher, Kelly.
De sa porte, la voix d'Alex fit se retourner la fillette. Son meilleur ami avait été installé dans la chambre face à la sienne. Mireille trouvait qu'il était important pour chacun d'avoir son espace, surtout dans une passe comme la leur où rester seul pouvait être nécessaire. Il dormait donc sur un matelas en attendant de se faire construire un vrai lit dans cette pièce autrefois vide.
Comme si cette phrase était un signal pour elle aussi, Kelly acquiesça et dit :
— Oui, moi aussi. Bientôt.
La fillette s'attendait à ce que son frère d'adoption hoche la tête à son tour et retourne dans sa chambre, mais il n'en fit rien. Au contraire, il demeura un long moment là, à la fixer dans les yeux. Kelly connaissait ce regard. Ce regard qui trahissait de l'inquiétude. Ces derniers jours, il s'était fait omniprésent. Et la jeune fille ne comptait plus le nombre de fois où le garçon l'avait dévisagée comme pour tenter de comprendre son mal. Comme s'il hésitait à venir lui parler ou, au contraire, la laisser seule. Dernièrement, il avait choisi la deuxième option, chose que Kelly appréciait énormément. Elle n'était pas d'humeur à raconter ses états d'âme ni à laisser quiconque pénétrer dans son jardin secret. Aujourd'hui, cependant, cela avait mieux été. Quelque chose s'était débloqué en elle et elle arrivait à avoir une vision plus belle de la vie qui l'attendait.
Sans doute Alex avait saisi ce quelque chose car, pour la première fois depuis longtemps, il envisageait, si Kelly se fiait à ce que son attitude trahissait, de lui parler de Nicolas. Et, étonnement, elle se sentait prête.
—Tu crois qu'il nous voit de là-haut ? souffla enfin le garçon.
Tout naturellement, les yeux de la fillette retournèrent au ciel moucheté d'étoiles. Et, avec l'émotion que son ami avait mis dans sa question, elle sut qu'il ne parlait pas uniquement de leur tuteur.
Doucement, elle retourna son attention sur Alex et, avec un calme qu'elle n'aurait jamais cru retrouver un jour, répondit :
— Oui, Alex. J'en suis convaincue.
Il la fixa de longues secondes, à soupeser sa réponse et à hésiter à ajouter quelque chose.
Puis, il opina et tourna les talons sans ajouter quoique ce soit.
Kelly resta un moment à fixer l'emplacement que son frère venait de quitter, un sourire triste sur son visage. Cette interruption lui fit réaliser qu'il était bien temps qu'elle aille se coucher. La fatigue avait été tenace depuis qu'elle était revenue l'habiter et, malgré tout ce qu'elle avait essayé, elle n'avait pas réussi à retrouver cet état d'alerte qui l'avait habitée les nuits suivant la dernière nouvelle lune. Peut-être était-ce, en fin de compte, lié aux créatures sataniques. Maintenant qu'elles n'étaient plus, son don l'avait quitté.
Après avoir jeté un dernier coup d’œil à la voie lactée où Nicolas habitait, la fillette replaça sa couette sur son lit. Puis, elle se coucha, épuisée, et appela sa grand-mère pour qu'elle vienne la border.
Mireille arriva à peine quelques secondes après l'appel de sa petite-fille. Dans la semi-pénombre, les ombres se répartissaient étrangement sur son visage auquel s'étaient ajoutées plusieurs rides dans les dernières semaines. Kelly savait bien qu'elle tentait de rester forte pour elle et Alex, mais elle voyait bien dans la fatigue qui habitait sa tutrice et sa manie de constamment se passer les mains dans le visage qu'elle était très affectée de la perte de son mari. Dans les premiers jours, tous les trois avaient dormis ensemble dans le lit de la vieille femme, collés les uns sur les autres pour se donner de la force. Mais, à un moment, il avait été temps que chacun retourne dans son lit pour reprendre doucement un semblant de vie normale. Alors, Mireille avait recommencé à venir la border et à se coucher un peu plus tard.
Faire semblant jusqu'à ce que ça devienne vrai.
Ces paroles avaient été leur pilier depuis la mort de Nicolas. Ils faisaient semblant que tout allait bien, qu'ils étaient une famille heureuse, que leur existence avait retrouvé un sens. Et un jour, ça serait vraiment le cas. Ils feraient leur deuil et la vie reprendrait son cours. C'était du moins ce qui était supposé arriver. Ce que Mireille leur avait promis.
La vieille femme embrassa délicatement Kelly sur le front et, après l'avoir longuement regardé, lui dit bonne nuit.
Juste avant de fermer la porte, Mireille s'attarda un moment dans le cadre de porte à contempler sa petite-fille. Cette dernière, à la voir demeurer immobile, finit par se rasseoir dans son lit.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.
Sa tutrice ne répondit pas immédiatement et, par de nombreuses fois, tenta de répondre quelque chose avant de se raviser et de fermer la bouche. Ces mimiques intriguèrent Kelly qui attendait sa réponse, la tête légèrement inclinée.
— Merci d'être dans ma vie, finit par répondre sa grand-mère avec des yeux emplis d'eau. Et n'oublie jamais que je t'aime très fort.
Ces paroles semèrent la confusion dans l'esprit de la jeune fille et, quelque part en elle, l'inquiétude apparut. Qu'est-ce que ces paroles voulaient dire ? Un mauvais pressentiment l'envahit.
— Grand-mère ?
Dans un petit sanglot, l'intéressée ferma la porte et, de derrière celle-ci, Kelly entendit ses pleurs étouffés.
Elle savait que Mireille n'avait, tout comme elle, pas fait son deuil. Mais à ce point ? Pour sa part, son cœur commençait à guérir et elle ne pouvait pas croire que sa grand-mère souffrait encore à ce point. À ce moment, elle souhaita de tout son cœur que sa tutrice s'imaginait simplement sa vie si elle devait la perdre elle aussi. Oui, c'était forcément ça. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?
La fillette tourna longuement ces pensées dans son esprit troublé par ces mots, à attendre le sommeil qui viendrait apaiser sa fatigue. Or, cela lui prit longtemps à le trouver. Les paroles de sa tutrice trottaient dans sa tête sans relâche. Elle mourrait d'envie de se lever pour lui demander ce qu'elle avait, quelles pensées occupaient son esprit. Mais elle n'en fit rien, n'osant pas défier l'autorité de sa grand-mère. Alors elle attendit le sommeil dans le plus grand des silences, l'âme rongée par les doutes.
Puis, enfin, le sommeil vint la chercher et elle y sombra en priant pour sa tutrice.
Bon mercredi tout le monde !!! 😁😅 D'accord, j'en conviens avec vous, mon horaire de publication est en train de partir dans tous les sens. Mais je dirais que c'est entre autres dû au fait que je n'ai pas écrit depuis 11 jours... oups ! Il m'a fallu du temps à récupérer l'énergie qu'il me manquait pour que je me sente d'attaque à reprendre ce qui a un lien avec l'écriture (y compris la relecture de cette partie sur laquelle j'ai procrastiné jusqu'à hier...), mais maintenant, l'énergie revient et j'ai la ferme intention de recommencer à écrire dès aujourd'hui. Ça fait trop longtemps que j'ai arrêté, et si je veux terminer Nouvelle Lune avant la fin de l'été, il faut que je m'y mette ! Donc j'ai pensé que cette petite partie improvisée aujourd'hui pourrait vous plaire, alors je vous la publie aujourd'hui plutôt que dans trois jours. MAIS vous savez quelle est la bonne nouvelle ? J'ai bien l'intention de vous mettre en ligne une partie dans trois jours AUSSI !! Donc voilà, un petit cadeau comme ça pour ne pas prendre trop de retard dans la publication des parties de Nouvelle Lune. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Sinon, j'imagine que vous l'avez remarqué, mais cette partie signe le début de la situation finale. Donc vous pouvez vraiment le voir, mais Nouvelle Lune s'en va vraiment vers la fin ! Selon moi, elle va faire quelque chose comme 115k mots, soit environ 460 pages dans un roman papier. C'est énorme !!!
Voilà, j'espère que vous avez apprécié cette petite partie, moi je vous dit à dans 3 jours pour la partie 71 !
Et n'oubliez pas, restez positifs !
Ouiiiiii ! Je suis trop contente, deux parties en une semaine ! Moi aussi, je ne me suis pa remise à l'écriture depuis le camp... Il faudrait bien que je recommence !
RépondreSupprimerTant mieux alors ! :) Je me suis dit que ce n'était pas grand-chose, si on regarde toutes les semaines où je n'ai pas publié...!
SupprimerMais on est pareilles alors ! XD Moi aussi je me suis dit qu'il fallait que je m'y remette, et l'envie était de retour, alors j'en profite ! ^^
J'ai bien hâte de connaître la fin et je me demande si on saura ce qui était arrivé aux parents de Kelly. Dans cette partie, j'ai particulièrement aimé : "Faire semblant jusqu'à ce que ça devienne vrai.' J'adore... 🥰
RépondreSupprimerJe suis trop contente que ça t'aie plu ! :D Et oui, la fin s'en vient, ne t'en fais pas, elle arrive à grands pas (peut-être même un peu trop grands pour moi...) !
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