Nouvelle Lune (partie 68)
Après s'être réveillée, Kelly réalisa que son grand-père était bien mort. Alors, Alex l'aida à surmonter sa peine...
Kelly rentra chez elle escortée d'Alex l'esprit beaucoup plus clair. Ses yeux, bien que toujours rougis, étaient secs et reflétaient tout le courage que son ami lui avait insufflé. Parce que, oui, elle serait courageuse. Elle surmonterait ce deuil. Elle réussirait à passer au travers. Car elle n'était pas seule. Elle avait avec elle Alex, son meilleur ami qui avait toujours été là pour elle et qui savait réellement ce que c'était de perdre un être cher. Et même plusieurs. Mireille aussi serait là pour elle, même si elle était anéantie elle aussi. Mais Nicolas les avait laissés avec la promesse de se soutenir les uns les autres. Elle aiderait donc sa grand-mère et cette dernière, dans sa grande sagesse, serait là pour elle en retour. Ils surmonteraient cette perte ensemble. Ils en avaient la force. Tant qu'ils n'étaient pas seuls.
À leur retour entre les murs de leur foyer, ils virent que Mireille était réveillée, une douillette rabattue sur ses épaules. Ses yeux à elle aussi étaient rouges. Terriblement rouges, même. Ses traits étaient ruinés par la tristesse et elle semblait épuisée, comme si elle n'avait pas dormi de toute la nuit. Ce qui était peut-être le cas. Kelly n'avait plus aucune façon de l'affirmer ou de l'infirmer, aujourd'hui, après avoir dormi.
Dormir.
Affirmer cela lui faisait encore tout drôle. Elle s'était tellement habituée à rester éveillée toute la nuit, à s'ennuyer, à jouer avec son jeu de cordes, à réfléchir à trop de choses en même temps, à guetter tous les possibles mouvements au-dehors qui pourraient lui signaler des créatures sataniques que le simple fait de songer qu'elle avait dormi la stupéfiait. Sans oser se l'avouer à ce moment, elle avait, après seulement quelques nuits d'insomnie, cru que cela ferait partie d'elle pour le restant de sa vie. Qu'elle ne dormirait plus jamais, que c'était fini, tout cela. Elle s'en était tellement convaincue que de retrouver cette sensation de fatigue et celle soit de délice ou de dégoût devant les rayons du soleil sur son visage le matin venu lui paraissait irréel.
Alors qu'un petit sourire béat passait sur ses lèvres, l'attention de la fillette retourna à sa tutrice qui n'était vraiment pas en bon état. Qui paraissait au bord du gouffre, comme elle à peine quelques minutes auparavant. Comme elle avant de recevoir de l'aide. Avant de voir les merveilles que le soutien d'autrui pouvait faire. Peut-être que Mireille non plus ne voulait pas recevoir d'aide. Ou du moins c'était ce qu'elle croyait. Or, Kelly était plus que déterminée à l'aider comme Alex l'avait aidée. Mieux, ils l'aideraient tous les deux. Parce que l'union faisait la force, comme on disait. Et elle testerait cette théorie dès maintenant.
Mireille ne parut même pas les voir rentrer. Son regard continua à se perdre dans le vide, à se laisser flotter dans le néant. Elle ne pleurait pas, mais l'avait sans doute déjà trop fait.
En s'imaginant à sa place, ayant vu d'avance que son mari était une créature satanique – ou devait-elle plutôt dire un loup-garou, comme Nicolas l'avait mentionné ? – sans oser se l'avouer à elle-même et préférant garder le silence par espoir d'avoir mal interprété les signes que Nicolas lui donnait, Kelly devina que ce n'était sûrement pas uniquement la mort de son mari qui la rendait si triste, mais également la culpabilité de ne pas l'avoir dénoncé, de ne pas avoir eu le courage de mettre son amour de côté pour le bien commun. Ce n'était pas, comme pour elle, le simple fait d'avoir perdu quelqu'un qu'elle chérissait, mais également les regrets de ne rien avoir fait alors qu'elle avait le pouvoir d'épargner des vies en renversant bien plus tôt la balance.
Cependant, bien égoïstement, la jeune fille devait s'avouer qu'elle était soulagée que sa tutrice ne l'ait pas fait. Qu'elle lui ait donné quelques jours supplémentaires en compagnie de son grand-père. Qu'elle ait attendu que ces circonstances bien précises arrivent. Parce que si elle l'avait fait avant, Nicolas n'aurait peut-être jamais livré toutes ces informations au sujet des créatures sataniques. Elle aurait passé le reste de sa vie à se demander qu'est-ce qui s'était réellement passé les semaines suivant la nouvelle lune maudite. Alors que maintenant, elle avait des réponses.
Kelly, troublée par l'état de sa tutrice qu'elle arrivait à saisir mieux qu'elle ne l'aurait voulu – la sensation de violer l'intimité de sa grand-mère en arrivant à saisir si bien ce qui la dérangerait avait quelque chose de très déplaisant – , s'avança d'un pas. Elle s'apprêta, un moment, à dire quelque chose, mais se retint de justesse en se rappelant que, si Alex était arrivé en lui parlant, quelques minutes plus tôt, elle l'aurait rejeté violemment. Ils devaient y aller dans la simplicité s'ils voulaient espérer améliorer le cas de la femme.
Alors, elle jeta un coup d’œil à son ami, qui regardait lui aussi leur tutrice avec beaucoup d'inquiétude. Le poids de son regard le fit détourner les yeux dans sa direction et, sans même avoir à échanger un mot, comme bien des fois, ils se comprirent et acquiescèrent chacun leur tour pour confirmer qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Et alors, d'un même mouvements, ils avancèrent vers la vieille femme.
Leur mouvement simultané eut le mérite de faire quitter ce monde vide à Mireille où elle était prisonnière. Ses yeux bifurquèrent dans leur direction avec une lenteur infinie et s'embuèrent presque aussitôt. Leurs pas dans sa direction, si synchronisés et déterminés, parurent changer du tout au tout son état d'esprit.
Lorsqu'elle vit sa grand-mère porter une main tremblante à sa bouche, Kelly sut que cette première action était une réussite. Rien qu'à cela, à être en telle fusion avec Alex, ils avaient réussi à faire émerger Mireille de sa léthargie. C'était déjà une bonne étape de franchie. Une excellente, même.
Lorsqu'ils arrivèrent près de la vieille femme qui laissait couler des larmes silencieuses sur ses joues sans les quitter du regard, les enfants hésitèrent une seconde. Alex s'interrompit même totalement. Il était vrai qu'il avait moins d'affinités avec Mireille qu'avec Kelly. Cette dernière, cependant, bien qu'ayant ralenti le pas, ne s'arrêta pas. Elle exécuta les deux pas qui manquaient à son meilleur ami pour atteindre leur tutrice et la prit dans ses bras en se promettant de ne pas commencer à pleurer elle aussi. Elle était là pour aider sa grand-mère. Rien d'autre.
Les bras de la vieille femme se refermèrent avec une précarité touchante derrière son dos. Kelly les sentait trembler sur ses omoplates et la joue de sa grand-mère s'appuya avec une douceur infinie sur sa tête.
Et à ce moment, un premier sanglot résonna.
De voir Mireille si bien réagir à l'étreinte de sa petite-fille dut encourager Alex à s'y joindre, car Kelly sentit une troisième main se poser dans son dos et aperçut le visage si familier et rassurant de son ami derrière le bras sa tutrice. Ils étaient maintenant tous les trois, unis et solidaires. Ils étaient tous affectés de la même douleur, et Kelly le ressentit avec une puissance innommable par leur étreinte. Malgré les larmes qu'elle sentait arriver petit à petit, elle se concentra pour ne pas se mettre à pleurer elle aussi. Et, ainsi enveloppée de la chaleur de ces deux personnes qu'elle aimait tant, elle ferma les yeux en écoutant les sanglots étouffés de Mireille. Étrangement, ces pleurs avaient quelque chose de très beau et touchant. C'était comme la preuve que leur amour ne mourrait pas malgré l'absence de l'un des piliers qui avaient toujours été là dans leur vie. La continuité d'un amour inconditionnel.
La mort de Nicolas aurait très bien pu les séparer, les amener à vivre chacun leur peine individuellement et à se laisser engloutir par le chagrin. Or, ce moment était la preuve que, grâce à Alex, le deuil, plutôt que de nuire à leur relation, la renforcerait. Ils apprendraient à vivre ensemble sans Nicolas et avec Alex en plus. Leur vie ne serait plus jamais pareille. Non, elle serait différente. Peut-être pas pour le mieux. Mais belle à sa manière.
Il ne fallut, malgré sa promesse à elle-même, qu'une poignée de secondes supplémentaires pour que Kelly se mette à pleurer elle aussi. Ce moment, si intense, ne lui permettait pas de rester indifférente. Ils étaient tous touchés par cette perte. Pas à la même intensité ni de la même façon, mais ils étaient malgré tout tous rassemblés autour d'un deuil commun qui, en cet instant, effaçait toutes les barrières entre eux. Ils étaient maintenant réduits à trois individus se soutenant mutuellement. Et cette simplicité avait un goût exquis.
Les minutes s'écoulèrent au ralenti, comme figées dans le mutisme et les pleurs si touchants de leur petit trio. Jamais la tristesse n'avait parue si belle à Kelly qu'alors. Ils avaient tous le même objectif en tête. La guérison. Et ils l'accompliraient.
Pas à ce moment, ni même dans quelques jours. Ou même quelques semaines.
Mais ils l'atteindraient. Ensemble.
Il fallait simplement qu'ils soient patients.
Salut tout le monde !! Je vous poste cette partie aujourd'hui de Montréal, après un super mariage qui avait lieu samedi ! J'en reviens bien fatiguée, mais très heureuse ! Ça a vraiment été une superbe soirée : on a eu droit à des Mariachis, un très bon repas, pas trop de pluie, un DJ (et avec ça plein de danse !) et, hier matin, un brunch ! En plus, c'était à une super belle place, il y avait un lac, on avait vue sur les montagnes et on logeait dans un très joli chalet !
Sinon, côté écriture, j'ai juste écrit 600 mots (environ) cette semaine. Vraiment, depuis que je suis revenue de voyage, ça n'a pas été hyper productif de ce côté-là. Mais bon, c'est comme ça, c'est important, aussi, de prendre des pauses !
Bref, aujourd'hui, on va faire la visite de Montréal et comment vous dire que j'ai très hâte ! Alors à la semaine prochaine tout le monde !
Et n'oubliez pas, restez positifs !
Tu vas me faire pleurer. Encore. Et me rendre jalouse par tes voyages. Encore. Mais si faire des voyages empêche d'écrire, alors je préfère peut-être rester chez moi !
RépondreSupprimerEn tout cas, bravo pour cette belle partie ! Je te souhaite une bonne semaine !
Non, ce n'est pas faire des voyages qui m'empêche d'écrire, même qu'écrire en Gaspésie a été l'une des expériences que j'ai préférées pour écrire !! J'aurais aimé ça pouvoir écrire tout le temps sur le bord de la mer !!! Mais c'est juste que c'est comme ça les derniers jours, j'écris moins et c'est correct aussi. L’inspiration a parfois besoin de temps pour se recharger !! Mais sincèrement, c'est peut-être aussi parce que j'ai peur d'écrire la fin, peur que Nouvelle Lune soit finie. Alors je procrastine. Peut-être. Mais je sais que ça ne durera pas !
SupprimerMais merci beaucoup, si tu savais comment je suis contente de réussir à transmettre des émotions à travers mes écrits ! Merci pour ce beau retour Laura !! :) <3
Et tu réussis très bien à transmettre les émotions de tes personnages... Bravo !!!
RépondreSupprimerMerci beaucoup !! :)
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