Nouvelle Lune (partie 64)

Lors du Conseil se donnant chez elle, Sylvie dévoila à tous l'identité de la dernière créature satanique restante avec des preuves solides, brisant le cœur de Kelly qui devait bien reconnaître qu'il était coupable...


Nicolas avait les yeux agrandis par la surprise. Rien dans ses traits ne laissait présumer qu'il s'attendait à un tel revirement de situation. Il fixait sa femme avec un mélange de souffrance, de colère et de choc. Il demeura un moment ainsi, sans bouger, à fixer dans les yeux Mireille qui tremblait de tout son corps sous l'impact de la tristesse. Kelly n'arrivait pas à croire que tout cela se déroulait réellement devant ses yeux. Elle avait l'impression de vivre dans un rêve, que cet instant n'était pas vraiment en train de se dérouler devant ses yeux impuissants. Qu'elle se réveillerait et qu'elle réaliserait qu'elle était chez elle, que ses grands-parents étaient à table à siroter leur café et que Florence arriverait en catastrophe pour leur apprendre qui était mort.

Malheureusement, il lui avait été impossible de dormir depuis la nouvelle lune maudite. Elle n'était donc par défaut pas en train de somnoler. Tout cela arrivait donc bel et bien. Et c'était terrifiant. Tout ce qu’elle ressentait était la tristesse, la plus pure des tristesses, et la peur. Une peur viscérale de perdre son tuteur. De le perdre pour toujours. Cependant, malgré ces émotions qui venaient écorcher avec hargne sa conscience, Kelly avait l’impression de flotter au-dessus de son corps. Elle n'avait aucunement l'impression que cela pouvait réellement arriver.

Au travers des sanglots perçants de Mireille, Sam, dans la foule, exprima tout haut ce que tous pensaient tout bas.

— Eh bien, je crois que notre choix à tous est fait. Si... Si vous croyez que notre maire est coupable, je vous invite à lever la main.

Et alors, sous les yeux catastrophés de Kelly, il fut bien évident que son grand-père ne s'en sortirait pas. La décision était unanime. Entre tous les habitants du hameau, il n'y avait que de rares mains qui n'étaient pas levées, toutes appartenant à des proches du maire. À la vue de cet avis collectif, le choc saisit Kelly et elle réalisa soudainement l'ampleur de la situation. Ce que ces mains levées voulaient réellement dire.

La mort de son tuteur. La mort de la figure rassurante qui l'avait élevée. La mort d'un membre de sa famille. Accusé d'être une créature satanique. Accusé de meurtres.

Accusations que Mireille semblait confirmer.

Accusations qui tueraient Nicolas.

Elle ne pouvait pas continuer de voir ça. De voir ces mains qui feraient mourir une des personnes qu'elle avait les plus aimées de toute sa vie. Et pourtant, elle était incapable de détourner les yeux de la scène. Souhaitant la voir changer, voir que tout ceci était un rêve. Ou une farce.

Or, rien ne changea. 

Absolument rien.

— Bon. Alors, nous savons qui nous quittera ce soir, conclut simplement Sam.

À travers un épais voile de larmes, Kelly vit ces mains se baisser une à une. Elle vit une panoplie d'émotions peintes sur les visages de tous les gens réunis. Certains essuyaient une larme qui leur avait échappée. D'autres, les traits crispés de détermination, dissimulaient un sourire de satisfaction qui l’écœura. 

Mais le fait restait le même. Son grand-père allait mourir.

D’un coup, l’expression de Nicolas changea du tout au tout. Il parut saisir qu’il n’avait plus rien à perdre, que par l’intervention de Mireille, il n’avait plus aucune chance de s’en sortir. Alors il déglutit, se redressa de tout son long et, cette fois, plus aucun signe de tristesse ne l’habitait et l’amour qu’il portait à son hameau, à ses proches, à Mireille, semblait avoir été anéanti. Seule la hargne restait. Et, en ce moment, il détestait tous ceux présents. Kelly le voyait dans ses yeux. Quelque chose qu'elle n'avait jamais vu auparavant et qui la terrifia. Elle était en train de perdre toute trace du vrai Nicolas, celui qu'elle avait toujours connu. Il était en train de changer radicalement.

— Félicitations, cracha l'homme en faisant volte-face pour dévisager ceux présents dans la petite foule une seconde. Félicitations, bravo à vous, je vous lève mon chapeau.

Tout en disant ces paroles, il mima l'acte avec une rage toute renouvelée et se retourna vers sa femme et ceux qu'elle protégeait pour les inclure avant tous les autres dans ses propos.

 — Vous venez tous de nous mener à notre perte. De vous mener à votre perte. À la perte de tout Thiercelieux ! cria Nicolas avant de reprendre un ton plus posé, mais ne dissimulant qu'une plus grande rage contenue. Peut-être que Liam n'était pas une créature satanique. Ou devrais-je plutôt dire un loup-garou. Parce que oui, c'est ce que nous sommes ! C'est ce que je suis, ce que Louis et Cynthia étaient ! Ce que nous avons toujours été destinés à être !

Des exclamations choquées succédèrent les propos de Nicolas et, au même moment, le cœur de sa petite-fille faillit la lâcher.

Il était donc réellement une créature satanique. Tout comme Louis et Cynthia. Ils en étaient vraiment.

Et, même si elle avait souhaité de tout son cœur ne pas s'être trompée en formulant ces accusations, les voir confirmées avait un côté extrêmement bouleversant.

— Mais savez-vous quoi ? poursuivit son grand-père avec toujours autant de virulence. C'est Liam qu'il fallait tuer. Vous savez pourquoi ? Savez-vous pourquoi ?

Il hurla à plein poumons la dernière phrase, la hurla avec une rage sans nom. Et puis, soufflant, il laissa retomber un silence tendu avant de reprendre, les dents serrées.

— Parce qu'il fait vivre les responsables de notre situation, tout simplement ! En le tuant, nous aurions eu la certitude de ne jamais revivre cette situation ! Et par votre choix "éclairé par les propos de ma pauvre femme", vous venez de mettre un espoir de paix assurée dans le temps à la poubelle ! En choisissant de me tuer moi, vous retardez la résolution de notre problème. Ou, non, je devrais dire le votre, parce que de toute façon, je ne serai bientôt plus là pour en être encombré, de ce problème. Bande de vauriens ! Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a des gens qui sont responsables de notre situation. Des sorciers qu'il faut exterminer bien avant moi et les autres loups-garous ! Il se sont servis de nous pour accomplir ce qu'ils voulaient faire ! Et ils le faisaient simplement parce qu'ils sont profondément mauvais ! Donc parce que vous choisissez de me tuer, vous les laissez eux en vie ! Et ils recommenceront ! Ils recommenceront, je peux vous l'assurer ! Vous n'avez pas fini avec la malchance ! Je le sais parce que je les ai déjà côtoyés, ces gens ! Ils sont mauvais ! Et Liam assure leur survie. Voilà pourquoi je voulais faire tuer Liam même s'il n'est pas un loup-garou ! C'était pour votre bien, que je faisais ça ! Et aussi, bien égoïstement, parce qu'en les achevant, en les laissant mourir, ma condition de créature satanique n'est plus applicable. Je redevenais l'homme que j'ai toujours été, sans ces pulsions qui me font tuer des gens la nuit ! J'aurais eu la vie sauve, je n'aurais plus jamais eu ce brouillard dans ma tête la nuit venue qui me fait faire des choses horribles ! J'aurais pu me racheter en tant que maire pour tous les crimes que j'ai faits, je ne serais pas mort avec une conscience noircie !

Nicolas haleta un long moment, silencieux, à laisser le désespoir prendre la place sur la colère, qu'il avait évacuée tout au long de son monologue, dans son visage. Et alors, chacun assimila ses paroles avec difficulté. De nombreuses personnes semblaient touchées du témoignage de leur maire sans pour autant laisser paraître qu'elles avaient changé d'idée. Car, avec tout ce qu'il venait de dévoiler, Nicolas restait de toute évidence la créature satanique qu'il leur manquait. Malgré toutes ses bonnes intentions.

— Je crois en toute ta bonne foi, Nicolas, dit Sam posément. Mais tu te doutes bien qu'on ne peut pas te laisser en vie après ce que tu as fait les dernières semaines. Même si, d'après ce que tu nous as dit, tu n'étais pas maître de tes actes. Le choix de Thiercelieux a été fait. Tu mourras ce soir.

Ces paroles ne cachaient rien d'autre qu'une sincère douceur et un grand nombre de regrets malencontreusement impuissants. Sam s'était armé d'une grande délicatesse pour annoncer cela, laissant croire qu'il aurait évité cet acte s'il avait pu faire autrement.

Or, ce n'était pas le cas. Tous le savaient, il était nécessaire de sacrifier Nicolas pour le bien collectif.

L'accusé reçut ces paroles avec abattement et, toute trace de colère emportée, hocha péniblement la tête. Et alors, il réagit comme jamais Kelly n'aurait cru le voir réagir un jour. Ses paupières se mirent à papillonner et, sa respiration de plus en plus rapide, il s'appuya sur le mur pour parvenir à rester sur ses jambes, acceptant par le fait même de quitter des yeux toutes ces personnes qui avaient compté sur lui et qui avaient cru en sa position de force. Il lâchait prise. Et alors, une larme glissa sur sa joue, irréelle. Kelly n'avait jamais vu son tuteur dans cet état. Il avait toujours caché ses peurs et ses émotions sous la colère. Alors de le voir pleurer pour la première fois de sa vie lui fit vraiment réaliser que c'était terminé.

Il acceptait de ne plus être fort. Que les autres voient sa faiblesse.

Il acceptait d'avoir perdu la partie. Devant tout le hameau.

Parce qu'il n'avait réellement plus rien à perdre, maintenant, mis à part peut-être une image superflue de l'homme qu'il avait été.

Il acceptait de mourir.


Salut tout le monde !! Voici donc la partie 64 de Nouvelle Lune qui est finalement prête (qui l'est depuis mercredi en fait) ! J'ai même le bonheur de vous annoncer que j'ai pris pas mal d'avance sur Nouvelle Lune avec ma semaine à 5000 mots (dont je vous avais glissé un mot la semaine passée) que j'avais comme objectif cette semaine ! Et je peux avec bonheur vous annoncer que cette semaine fut une réussite ! 😍 J'ai même réussi à atteindre cet objectif hier ! Et, comme c'est aujourd'hui que je complète ma semaine à 5000 mots et que j'ai atteint lors des six derniers jours 5450 mots, j'ai 550 mots à écrire aujourd'hui (ce qui va se faire très bien) et cette semaine ne sera non pas une semaine à 5000 mots mais à 6000 mots (et j'ai l'intention de tenir cet objectif et de les écrire, ces 550 mots aujourd'hui !). Et cette semaine à 5000 (6000) mots m'aura même permis d'écrire entièrement, en plus de cette partie, celles pour les deux prochaines semaines !! Je suis tellement contente, Nouvelle Lune s'en va à grands pas vers la fin et... ça me fait tout bizarre. Mais comme je vais être contente quand je vais l'avoir fini !!!

Pour cette semaine, comme ma semaine à 5000 mots a été trop facile à réaliser, je vais me mettre comme objectif d'atteindre les 6000 mots, ce que je vais avoir réussi à atteindre cette semaine, pour augmenter doucement mon objectif. Donc voilà, la partie pour la semaine prochaine est déjà prête et attend bien sagement sa relecture et sa publication, donc on se redonne rendez-vous dans sept jours pour la partie 65 !

Et n'oubliez pas, restez positifs !

Commentaires

  1. Good job ! Moi, je serais tout à fait incapable d'écrire 5000 mots en une semaine... Et un petit fait comme ça, ta partie de la semaine passée m'a fait reussir avec très grand succès mes deux derniers examens finaux! Merci beaucoup ! 🥰😅
    J'ai hâte à la semaine prochaine !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon Dieu ! Avoir su que j'avais un si grand pouvoir !!! XD Ça me fait plaisir !!!
      Et merci beaucoup ! Moi ça me sert à me challenger pour vraiment arriver à terminer l'écriture de Nouvelle Lune prochainement ! Et moi aussi j'ai hâte à la semaine prochaine pour avoir vos retours !! :D

      Supprimer
  2. Oups... Je ne m'attendais vraiment pas à l'arrivée de ces sorciers. 🥰

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Et maintenant ?

Nouvelle Lune (partie 4)

Nouvelle Lune (partie 7)