Nouvelle Lune (partie 59)

 En voyant Sylvie, mourante, et Liam, anéanti, Kelly se mit à se sentir coupable de toute cette situation. Elle n'était qu'une égoïste. Mais finalement, après une étreinte de la part d'Alex, elle se défit de ces pensées et se leva pour retourner chez elle avec Alex...

Alex fut le premier à pénétrer dans la demeure de Mireille et Nicolas. En y entrant à son tour, Kelly ne put s'empêcher d'haïr le silence qui l'habitait. Il y avait beaucoup trop eu de silences dans cette matinée.

La maison d'Alex. Celle de Sylvie.

Le silence qui les occupait ne rendait que plus forts les souvenirs d'à quel point elles avaient été animées et emplies de vie autrefois. Avant la mort de l'entièreté de la famille d'Alex. Avant la maladie qui affectait Sylvie. Avant l'isolement de Liam. Avant les créatures sataniques. Avant cette fichue nouvelle lune qui avait anéantie tant de vies.

Lentement, elle déposa au sol tout ce qu'ils avaient rapporté de chez son meilleur ami et qui encombrait ses bras, observant comme si c'était la première fois qu'elle la voyait la maison de son enfance.

— Grand-père ? appela-t-elle.

Elle n'en pouvait plus de ce silence pesant. Elle avait le besoin inexplicable de voir quelqu'un en vie, quelqu'un autre que son frère d'adoption, de chasser cette impression que le silence était toujours associé à la mort.

Des pas résonnèrent un à un dans la quiétude des lieux, Le seul son que la fillette avait besoin d'entendre pour que cette impression de vide la quitte. Cette impression qui s'était accrochée à elle depuis qu'elle avait trouvé le cadavre de William. 

— Les enfants ? s'étonna leur tuteur en émergeant du couloir où se situait leurs chambres. Mireille n'est pas avec vous ?

— Non, répondit aussitôt Kelly. 

Le soulagement l'emplit avec bienfaisance en voyant son grand-père toujours si plein de vie et réceptif à ses appels. Tant de choses s'étaient passées, et en si peu de temps. Quelque part dans son esprit, l'impression que la mort s'agrippait partout était présente. Surtout aujourd'hui. Après tout ce qui s'était passé. 

— Elle aide quelqu'un.

Sa dernière phrase arracha un grognement mécontent à Nicolas qui se passa une main dans les cheveux, comme pour évacuer un stress trop présent.

— Encore une fois, grommela-t-il dans un soupir. Sa bonté finira par la tuer.

Le vieil homme secoua la tête de découragement, une expression lasse peinte sur son visage.

— Qui ? Qui est-ce qu'elle aide ?

— Sylvie, répondit Alex, intervenant avec force dans la discussion.

Aussitôt, l'expression découragée de Nicolas se transforma du tout au tout. Ses yeux se plissèrent et il fut immédiatement plus attentif à tous les indices que pouvaient lui donner ses pupilles. Il les scruta minutieusement une à une, comme pour tenter de trouver un détail qui pourrait lui arracher la réponse à ce qu'il cherchait. Kelly connaissait ce visage. Et, dans leur situation, il n'était pas une bonne chose.

— Pourquoi Mireille serait allée aider Sylvie ?

Chacun de ses mots étaient pesés et soupçonneux. Derrière son dos, Kelly s'empressa de saisir la main d'Alex pour éviter qu'il parle. Ils étaient engagés sur un terrain glissant et, pour son meilleur ami qui en savait beaucoup moins qu'elle sur le tempérament explosif de Nicolas, elle devait essayer de le faire taire subtilement. Ils ne devaient pas poursuivre sur cette lancée. C'était bien trop dangereux.

— Parce qu'elle avait besoin d'aide, répondit Kelly la tête haute.

— Oui, ça je le sais déjà. Mais Sylvie est malade, elle n'est pas sortie de chez elle depuis des jours. Alors n'essayez pas de me faire croire qu'elle serait allée quêter l'aide de Mireille. Qui l'a conduit à elle ? Et pourquoi est-ce que vous n'êtes pas avec Mireille ?

Le ton de Nicolas était intransigeant. Il ne les laisserait pas se soustraire à nouveau à la question. Et celle-ci était si précise qu'il était difficile de trouver un moyen de l'éviter. Kelly déglutit avant de répondre pour se donner un peu de temps pour réfléchir.

— Quelqu'un.

Si elle prononçait le nom de Liam, ils étaient foutus. Si Nicolas arrivait à savoir l'exact endroit où il était en ce moment, c'était la mort assurée pour l'homme. 

Son grand-père retourna des yeux impatients dans sa direction, la priant de développer du regard. Elle était bien foutue. Jamais son tuteur ne la laisserait partir avant d'avoir répondu. 

C'est alors que le visage de Fannie se dessina parfaitement dans sa tête, comme une bouée à laquelle se raccrocher. Si elle et Liam étaient réellement proches comme ils le paraissaient, alors cela serait censé que la jeune mère se préoccupe du sort de la mère du fugitif. C'était sa meilleure chance. Elle devait la saisir.

Bravement, le nom de la jeune femme franchit ses lèvres et Nicolas haussa un sourcil. 

— C'est elle qui est venue nous voir, développa-t-elle en tapant du pied sous l'effet du stress. On revenait de chez Alex et elle est venue nous voir pour nous dire que Sylvie n'allait pas bien. Alors... voilà. Grand-mère est allée l'aider.

Ce mensonge répandit un goût amer dans sa bouche, mais elle n'avait pas le choix. C'était ça ou la mort de Liam. Liam qui n'était pas une créature satanique. Elle en était absolument certaine. Une autre mort qui serait vaine. Même si Alex ne partageait peut-être pas son avis. Alors elle se força à regarder son grand-père dans les yeux et à relever la tête.

Elle faisait tout ça pour le bien du hameau. Et aussi, un peu égoïstement, pour son désir inexpliqué de trouver ce que le fugitif cachait. Mais dans tous les cas, c'était pour la bonne cause.

Le doute planait toujours dans les yeux de Nicolas. À côté de la fillette, Alex ne disait rien, sa main toujours prise par celle de cette dernière. Elle avait réussi à lui faire saisir le message. Et il n'avait rien dit. Uniquement pour cette raison, la jeune fille sentait le soulagement l'emplir. 

Et puis, soudainement, le visage du vieil homme se décomposa. Avec intensité, il se mit à fixer les enfants et, sans un mot, enjamba rapidement la distance qui le séparait de la porte d'entrée. Sur son passage, il bouscula ses pupilles qui ne purent faire autrement que de s'écarter. La porte vola contre le mur et, sans prendre la peine de la refermer, il se mit à courir.

Kelly sentit une boule d'angoisse lui enserrer la gorge. Ce n'était pas bon. Vraiment pas bon. 

À son tour, elle sortit de la maison et vit son grand-père, déjà à plusieurs mètres d'elle, s'élancer vers le centre du hameau.

Non, ce n'était vraiment pas bon. 

— Grand-père ! paniqua-t-elle en l'appelant. Grand-père, qu'est-ce que tu fais ?

À aucun moment il ne se retourna. Il continua de fouler le plus rapidement possible les routes de Thiercelieux avec une frénésie qui lui était rare. 

En le regardant s'éloigner, muette et impuissante, Kelly sentit la main d'Alex se glisser dans la sienne. Sournoisement, l'abattement l'emplit. Il avait deviné. C'était évident. Et elle n'avait rien pu y faire. Il allait retrouver Liam, chez Sylvie. Car c'était sans aucun doute là qu'il allait. Et, par sa faute, par leur arrivée, par leur manque de silence, il allait être pendu. Nicolas ne le laisserait s'échapper une seconde fois. 

En arrière-plan, dans sa tête, elle revit sa grand-mère dire que cette journée ne pouvait qu'être bonne, car c'était la première d'Alex dans leur famille.

Eh bien autant dire qu'elle s'était royalement trompée.

Hello les amis !!! Je suis très contente de vous partager une nouvelle partie de Nouvelle Lune aujourd'hui ! Je ne vais pas vous mentir, ma routine d'écriture n'a pas été très productive cette semaine. Je devais rentrer dans la phase écriture 10 minutes par jour, mais cet objectif a tenu... deux jours. MAIS c'était pour une bonne raison ! Sur deux des jours que je n'ai pas écrit, c'était parce que je finissais la relecture de tooooouuuut ce que j'ai déjà écrit avant en prévision de la fin de cette belle histoire de maintenant 79 000 mots qu'est Nouvelle Lune. Donc c'était quand même dans un optique d'écriture ! 

Et là je me demande si je vous révèle ce qui s'en vient... Je ne sais vraiment pas... Bon, allez, je vous dit. J'ai autant travaillé sur la relecture tout simplement parce que... la scène que vous venez de lire là est le chemin vers la fin. Je viens de prendre un tournant définitif pour la fin de l'histoire. Alors que, dans la partie de la semaine passée, je n'en avais aucune idée ! Je me demandais quoi écrire dans la partie de cette semaine et là, ça a été le déclic. Le chemin pour la fin s'incrustait parfaitement là. Alors j'ai tout relu pour être certaine de ne pas avoir des portes à fermer toujours ouvertes qu'il fallait absolument que je traite avant de me lancer, et non. Alors voilà. Il reste encore pluuuuuusieurs parties avant la fin, pas d'inquiétude, mais on vient de changer de cap. De direction dans l'histoire. Et ça me fait tout bizarre.

Voilà, c'est tout pour cette semaine, je vous souhaite une très belle journée, et on se retrouve dans 7 jours ! 😊

Et n'oubliez pas, restez positifs !