Nouvelle Lune (partie 55)

Après avoir lu la lettre de son père à sa mère, Alex, atterré, s'effondra au sol en sanglotant, alertant Mireille. Celle-ci vint à leur rencontre et, désirant avoir les mêmes informations qu'eux exactement, elle lut la lettre adressée à la soeur d'Alex et trouva la bague qu'Esteban avait sculptée pour sa femme alors que ses pupilles restaient prisonnières de leurs doutes...

Le silence s'était fait dans la maison, lourd et pesant de sens. Le contraste avec le vacarme précédent parsemé de douleur était poignant et ne rendait que plus solennel le moment. Alex, le dos courbé, était assis au sol depuis de longues minutes et tournait entre ses doigts la bague qu'avait sculptée son père. Le garçon avait toujours les yeux rouges de chagrin, mais les larmes avaient cessé de couler. Tout ce qui résidait de sa souffrance était la moue dépitée qu'il arborait depuis la fin de sa lecture. Sa souffrance profonde semblait s'être estompée, mais Kelly redoutait plus que tout qu'il ne s'agisse que d'une couverture pour cacher ses véritables états d'âme. Son ami avait tellement vécu, avait essuyé tant de pertes. Plus que tout, elle craignait que cette lettre n'ait été qu'un douloureux rappel de tout ce qu'il avait perdu. 

Ses parents. Sa soeur. Son innocence. 

Sa joie était dangereusement menacée, elle aussi. Pourrait-il redevenir un jour seulement celui qu'il était avant cette affreuse nouvelle lune? 

Tout cela n'avait pas aidé Kelly non plus. Ses démons étaient revenus la hanter, peut-être plus brutalement que jamais auparavant. Ses parents, son inconscience, sa frustration : tout ceci avait ressurgi de plein fouet. Et elle n'avait pu s'empêcher, encore une fois, de se demander ce que ça aurait été de vivre élevée par ses parents biologiques. De vivre loin de tout souci, sans se demander chaque jour de son existence pourquoi elle était vue comme la fille de traîtres, ou encore si elle n'avait pas délibérément été abandonnée. Si elle serait un jour assez pour satisfaire quelqu'un. Pour qu'on croit en elle. 

Tout y était passé, comme si cette lettre était tout ce qu'attendaient ses souffrances pour la submerger.

Les pas de Mireille se détachèrent soudainement sur le sol de bois, s'approchant des deux enfants pris de sentiments plus grands qu'eux, et rompirent le silence étreint de tristesse. Sans un mot, elle tendit la main à Kelly, échangeant un long regard avec elle comme pour tenter de déceler tout ce qu'elle ressentait. Puis, après un moment, la petite main de la fillette glissa dans celle de sa tutrice. Son geste était empli d'appréhension, de doute. Mais lorsqu'elle fut hissée sur ses pieds par sa grand-mère et que cette dernière la serra de toutes ses forces contre elle en enfouissant son visage dans ses cheveux, l'émotion lui serra la gorge. 

Contrairement à toutes ces fois où un geste de la sorte ne l'avait que replongée dans ses sanglots à cause de toute la compassion se cachant derrière l'action, cette étreinte lui transmit la force et le soutien dont elle avait besoin pour continuer. Ainsi, entre les bras de cette femme lui ayant tant donné, elle ne se sentait pas faible et à protéger comme tant de fois auparavant, sentiment qu'elle détestait. 

Non. 

Mireille était fière d'elle. 

Kelly n'avait aucune idée de comment elle le savait, ni même de quelle manière cela était possible dans de telles circonstances, mais elle en était convaincue. Sa grand-mère tentait de partager un peu de sa confiance en l'avenir avec elle, tâchait de faire d'elle celle qu'elle deviendrait dans l'avenir. Elle l'aidait à surmonter les aléas de sa vie, à composer avec eux et à en tirer quelque chose qui lui servirait concrètement. Cette prise de conscience l'émut profondément et, soudain emplie de la plus profonde des gratitudes, elle enserra à son tour la femme de toutes ses forces. Ses inquiétudes s'en retrouvèrent balayées et tout ce qui lui resta fut une confiance plus que bienvenue. Et alors, elle se promit qu'elle relèverait Alex de ses propres mains. Elle l'aiderait comme Mireille l'avait aidée, et pas uniquement pour cette fois. Pour tout le reste de sa vie. Elle s'en sentait capable. Capable de surmonter cet obstacle. Pour son meilleur ami. 

Délivrée des émotions négatives lui enserrant la gorge, Kelly se détacha de sa grand-mère, se sentant prête à faire face à ce qui l'attendait. Elle n'était pas seule. Elle pouvait passer au travers de cela. Et elle y arriverait. Avec eux.

Ses yeux s'attardèrent un moment dans ceux de sa tutrice qui se mit à sourire doucement en constatant son état d'esprit. Puis, d'un même mouvement, leurs regards se tournèrent vers Alex. Le garçon, toujours au sol, ne semblait même pas avoir remarqué les mouvements à sa gauche. Sa nostalgie paraissait avoir pris possession de lui sans lui laisser la possibilité de s'en défaire. 

Mais elles allaient l'aider. L'aider à se relever, à passer par-dessus les pertes pour se concentrer sur tout ce qu'il avait à gagner de la vie, même s'il semblait ne rien lui rester. Lui prouver que la joie reviendrait.

D'un mouvement de la main, Mireille invita sa petite-fille à prendre les devants. Résolue et confiante, elle s'avança donc vers son ami en tentant de se laisser habiter de la même étincelle que la vieille dame lui avait transmise, celle qui lui avait donné cette si grande force presque comme par magie. Et, précédée de sa grand-mère, elle posa la main sur l'épaule de son ami.

Alex sursauta à ce contact imprévu et, se tendant comme un arc, il jeta du coin de l'oeil un regard à la fillette. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle s'accroupisse à ses côtés et ferme les yeux en l'étreignant. Elle se mit à penser à tout ce qu'elle aimait chez le garçon, toutes les raisons qui faisaient qu'elle l'aimait à ce point. Elle s'appliqua à lui transmettre tout l'amour qu'elle avait pour lui, tenta par cette étreinte de lui faire voir à quel point il était précieux à ses yeux. Elle aurait tant voulu qu'il se voit comme elle le voyait. Un garçon souriant, fort émotionnellement, qui réussissait toujours à voir du positif où cela lui était impossible. Une personne extraordinaire qu'elle ne voulait surtout pas perdre, ni lui ni aucune de ses qualités.

À peine quelques secondes plus tard, elle sentit les bras de sa tutrice se refermer sur elle, les enserrant elle et Alex simultanément. Cela lui donna une force plus grande encore, une détermination toujours plus insistante de tirer son meilleur ami vers le haut. 

Kelly sentit l'orphelin se tendre plus encore. Tout laissait à croire qu'il n'était pas préparé à cet assaut d'affection. Après quelques secondes, toutefois, il se détendit considérablement et osa même refermer une main timide dans le dos de la jeune fille. Ils demeurèrent ainsi interminablement, à chasser, mus dans le silence, toute onde négative. Et, enfin, Alex se détacha d'elles.

La première à qui il vissa ses yeux fut sa soeur d'adoption. Cette dernière, alors, put lire un apaisement mêlé de gratitude dans ses iris. Il paraissait sur le point d'éclater en sanglots, mais pas pour les mêmes raisons, cette fois. Il était touché de leur geste, et cette seule démonstration d'émoi confirma à Kelly qu'elles avaient réussi. Elles avaient réussi à lui faire oublier, pour un moment, du moins, sa peine. Cette victoire la transporta de joie et, incapable de s'en empĉher, la fillette étreignit rapidement son meilleur ami une dernière fois.

Puis, ce dernier tourna ses pupilles en direction de Mireille, de quelques centimètres en retrait derrière sa petite-fille. Du bout des lèvres, l'orphelin murmura un timide "merci" qui fit s'épanouir un sourire soulagé sur les lèvres de la femme.

— Je crois qu'on ferait bien de retourner à la maison, fit cette dernière à l'adresse des enfants. Je te laisse prendre ce que tu veux ramener de chez toi, Alex, et dès que tu es prêt, on y va. Nicolas doit nous attendre pour manger.

Le trio se leva d'un commun accord en s'entraidant et quitta la pièce un membre. Avant de partir, cependant, Alex s'attarda un moment pour prendre les lettres à l'adresse de sa soeur, la bague de bois enfilée à son doigt. 

Puis, il se retourna et sortit sous le regard bienveillant de sa nouvelle famille sans jeter un regard en arrière, laissant sans remords la lettre de son père à sa mère au sol. 

Qu'ils reposent en paix, put lire Kelly dans ses yeux. À présent, l'avenir lui appartenait.

La SATISFACTION de vous rendre enfin disponible cette partie de Nouvelle Lune, je vous jure!! Aujourd'hui, j'étais fatiguée, je n'étais absolument PAS motivée, je n'avais pas un traître mot de cette partie d'écrit, mais je l'ai fait quand même. Aujourd'hui, c'était une journée écriture : c'est ce que je me suis dit en me levant ce matin. J'avais envie d'écrire... mais pas spécialement Nouvelle Lune. Raison? Je n'ai pas de plan et je ne savais pas où m'en aller. Les mots ont été durs à poser aujourd'hui, sincèrement, mais QUELLE SATISFACTION D'AVOIR RÉUSSI!!! Je me suis même mis de la musique pour écrire, expérience tout à fait nouvelle pour moi, pour me mettre dans l'ambiance que je voulais transmettre. J'ai écrit 300 mots ce matin, puis j'ai réalisé que je n'en étais pas satisfaite et que je fonçais tout droit dans un mur, j'ai effacé 230 mots sur mes 300, et j'ai repris. Mais j'ai RÉUSSI, avec 1350 mots en tout, soit 350 de plus que mon objectif de base! Et vous ne pouvez pas savoir comment c'est SATISFAISANT. 

Sinon, je dois aussi vous dire que je me suis décrochée un petit boulot toutes les fins de semaine du mois d'avril dans une cabane à sucre, alors je ne sais pas trop qu'est-ce que ça va donner avec Nouvelle Lune pendant le mois d'avril... Je vais essayer d'écrire pendant la semaine, je vais faire de mon mieux... mais je ne peux rien promettre. Et, totalement hors-sujet, c'est promis, cette partie était la dernière plus psychologique pour le moment, on quitte la maison d'Alex dès la prochaine partie et on reprend l'action!

Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire!! J'espère que vous aurez aimé cette partie, même s'il y a certains bouts dont je ne suis pas certaine vu que je n'étais pas complètement plongée dans l'histoire tout le long, donc je vais sans doute revoir à la relecture quand le roman sera tout fini si c'était pas pire ou si je change des trucs. On verra! Alors voilà, c'est tout pour cette partie, à la semaine prochaine!!

Et n'oubliez pas, restez positifs!