Nouvelle Lune (partie 51)

 Alors qu'Alex et Kelly se rendaient au centre du hameau par un léger détour pour assister aux travaux en lien avec le cimetière, ils tombèrent sur William, déchiqueté par les créatures sataniques...


Alex et Kelly, tous deux troublés par ce qu'ils avaient vu quelques minutes plus tôt, furent escortés jusqu'à leur demeure par Nicolas, qui les confia à la va-vite à Mireille avant de quitter les lieux prestement pour aider à l'extrémité du hameau. Cette dernière se retrouva donc à la charge de deux âmes profondément en détresse qui se demeuraient immobiles sans trouver l'utilité de changer d'endroit ou de position.

— Est-ce que l'un d'entre vous pourrait m'expliquer ce qu'il se passe? s'enquit avec douceur leur tutrice à qui le mari avait négligé de détailler la situation.

Les deux enfants demeurèrent muets, toujours trop choqués des images demeurées imprimées dans leur conscience. Après quelques longues secondes de silence, ce fut finalement Kelly qui répondit.

— William est mort.

Tout comme pour son grand-père, elle avait été incapable de formuler cette vérité autrement. Or, cette fois, elle se trouvait dans un tout autre état. Il lui semblait impossible de songer à autre chose que ce drame, que ce meurtre. Tous les détails s'accrochaient à son esprit avec une violence indécente. Aussi le présenta-t-elle malgré elle sous sa forme la plus crue, la plus choquante.

Mireille hocha lentement la tête avec des yeux emplis de pitié et, mieux dissimulé, de déstabilisation.

— Mais il y a autre chose... je me trompe? chercha-t-elle à approfondir.

Cette fois, la fillette garda le silence. Dans son esprit revint s'imprimer l'image du cadavre déchiqueté du rival de Nicolas, lui nouant la gorge. Le sang... tant de sang...

— On l'a vu, finit par souffler Alex. Le corps.

Aussitôt, une compassion emplie de tristesse profonde se peignit sur le visage creusé de rides de la vieille femme et elle appuya une main sur ses lèvres, ses iris glissant d'une de ses pupilles à l'autre à une vitesse hallucianante. Sans doute devait-elle se remémorer l'état de Fred.

— Et c'est nous qui l'avons découvert, ajouta Kelly.

À cette affirmation, sa grand-mère se figea, mesurant l'ampleur de ce que cela signifiait. Ses yeux s'emplirent de larmes d'horreur et, d'un coup, elle se précipita vers Alex, empoignant la main de Kelly au passage, et les serra contre elle en s'accroupissant à leur hauteur.

— Mes enfants... dit-elle d'une voix tremblante. Mes pauvres enfants...

Comme si cette réaction faisait réaliser à Kelly la gravité de la situation, la détresse enfla en elle. Son cerveau semblait s'être déconnecté de la réalité du moment où elle avait aperçu le cadavre pour l'aider à passer cette épreuve. Elle songea alors que, si la même scène s'était déroulée quelques semaines plus tôt, elle serait sans doute revenue chez elle en pleurs, totalement horrifiée et en quête plus que vitale de soutiens. Mais la vérité était que, depuis qu'elle avait vu Fred, puis l'enfant de Cynthia, qui avaient été attaqués, plus rien ne la choquait. 

Cette prise de conscience affola la fillette. Elle était en train de se désensibiliser. De se détacher de ses émotions. C'était dangereux. Qui savait ce qu'elle pourrait devenir si la mort cessait de l'affecter un jour? Si elle devait perdre des êtres aimés sans que cela ne lui fasse rien? Elle deviendrait un monstre. Non. Cela ne devait pas arriver. Tant qu'il y aurait des gens qu'elle aimait en vie, elle resterait connectée sur ses sentiments. Et elle ne pourrait pas perdre tous ceux qu'elle aimait... n'est-ce pas?

Près d'elle, Alex se mit à sangloter sur la bonne épaule de Mireille. Il était sous le choc. C'était bien évident. Il avait perdu sa mère. Son père. Sa soeur. Tout cela par l'action des créatures sataniques. Il avait vu le bain de sang de du nouveau-né, avait sûrement compris que c'était sa mère qui avait tué le nourrisson. S'il y avait bien quelqu'un qui était affecté plus que les autres par la tragédie qui les touchait tous, c'était lui. Il avait tout perdu à cause de cette malédiction. Et si jeune! Mais malgré tout, il continuait à rire, à discuter, et avait même toujours des larmes à verser. Il était fort. Bien plus qu'elle.

Toutes ces prises de conscience chamboulèrent tant la jeune fille que les larmes vinrent lui piquer les yeux. L'idée de devenir un monstre sans émotions, sans but dans la vie, la terrorisait. Elle devait s'assurer de continuer à vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain. Elle devait rendre ses tuteurs fiers. Elle leur devait bien cela, après tout ce qu'ils avaient fait pour elle.

— Voulez-vous en parler? fit d'une voix douce Mireille.

Ce ne fut que lorsqu'elle s'écarta en essuyant ses yeux pour fixer sa grand-mère que Kelly réalisa qu'elle avait pleuré. Les larmes s'accrochaient à ses paupières, témoignant qu'elle n'était pas devenue ce monstre qu'elle craignait. Du moins, pas pour le moment. 

— Non, trancha-t-elle péniblement. Il n'y a rien à dire. C'était... 

Elle s'interrompit, ne sachant pas comment terminer cette phrase. Elle finit donc par uniquement secouer la tête de gauche à droite en déglutissant bruyamment.

— C'était horrible.

Alex, qui venait de prendre la parole pour la deuxième fois depuis qu'il avait vu le cadavre, avait le regard vide et les mots sortant de sa bouche ne semblaient pas conscients.

— Quand je l'ai vu, je savais que c'était quelque chose que je n'oublierais jamais. Voir ça, ça m'a... j'ai tout de suite imaginé Florence et la femme de William brisés. Comme moi à la mort de ma soeur. Je n'étais... plus moi-même. C'était comme si c'était quelqu'un d'autre qui avait pris mon corps et que je n'étais pas connecté à lui. Ça m'a beaucoup trop rappelé les cris de... (sa gorge se noua à l'image de ce sombre souvenir.) maman. Quand le bébé est mort. Ça m'a... boulversé. Ce sont des souvenirs que j'aurais aimé oublier à tout jamais. Mais ils sont revenus. Et, en me rappelant... je n'étais plus capable de penser à autre chose. J'étais comme coincé avec ces images que je ne voulais pas voir. Et... (il releva les yeux, les fixant sans gêne dans ceux de l'adulte.) tout ce que je sais, c'est que je ne veux plus jamais voir quelqu'un mourir. Peu importe comment. 

La compassion émanant de toute sa personne, Mireille acquiesça avec douceur et tendit les bras à nouveau à l'enfant pour qu'il aille s'y réfugier. Or, celui-ci refusa avec dignité.

— Non. J'ai fini de pleurer.

Mireille se releva donc et, tour à tour, les dévisagea longuement et avec une inquiétude évidente.

— Ce n'est pas sain de bloquer vos émotions en-dedans de vous comme ça, les enfants. Vous le savez? Promettez-moi que, du moment que vous avez envie de vous confier, vous allez venir me voir. Moi, ou peu importe qui. Mais que vous allez extérioriser tout ça. Est-ce que peux compter sur vous pour ça?

Alex et Kelly acquiescèrent à l'unisson. Cependant, Mireille semblait toujours complexée et, en se tordant les mains, elle ajouta:

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous? Pour vous remonter le moral?

Les deux amis se dévisagèrent un instant, puis Alex se lança.

— Est-ce qu'on... pourrait aller chez moi, tantôt? J'ai... il faut que je ramasse mes choses et... je crois que ça me ferait du bien. De faire mon deuil de cet endroit. Et puis... je dois lire quelque chose. Et, ça, c'est vraiment important. Quelque chose... de mon père.


Bonne semaine de relâche tout le monde!!! Je sais, je sais, ça ne part pas très bien pour moi en écriture... heum heum... 

Au départ, j'avais prévu vous écrire cette partie samedi comme pour célébrer la semaine de relâche. J'en avais envie, je me sentais motivée, j'avais l'inspiration pour... mais on a eu une sortie. Alors... plus de temps pour composer la partie! MAIS! Comme je vous l'ai dit sur Facebook hier, je devrais pas mal écrire pendant la relâche, alors... vous devriez avoir la partie 52 samedi prochain!! Je pense même, SI TOUT SE PASSE COMME PRÉVU, prendre de l'avance pour les prochaines parties (du genre en avoir deux ou trois en stock!), alors vous devriez avoir ces parties-là AUSSI le samedi! Super, non? Ça pardonne mon retard? 

Une dernière chose avant de vous laisser: je viens de me créer mon compte Instagram d'auteure! Donc, si Une histoire à partager sur Facebook se concentre uniquement sur ce blog, sur Instagram, ça sera un peu de tout en lien avec l'écriture! Si, donc, ça vous intéresse, vous pouvez me rejoindre sur @marianepoudrier_autrice. Voilà donc pour cette semaine! Et bonne relâche tout le monde!!!

Et n'oubliez pas, restez positifs!

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