Nouvelle Lune (partie 41)
Kelly, toujours prisonnière de sa cage, se fit enfin retrouver par la conjointe de William, le père de Florence. Alors que plusieurs personnes cherchaient la clé déverrouillant le cadenas, Mireille et Alex, près d'elle, la soutenaient moralement. Or, une fois le seul objet pouvant la mener à sa libération trouvé, il s'avéra trop rouillé pour exécuter sa tâche...
Même de sa prison de fer, Kelly pouvait bien voir à quel point la clé, qu'elle avait été si soulagée de voir sortie de sa cachette, était recouverte de rouille, comme si elle avait été laissée de longues années dans un milieu humide, contrairement à son homologue la tenant enfermée qui réfléchissait toujours parfaitement la lumière. Ses espoirs semblèrent alors s'effriter un à un. Si même la clé ne fonctionnait pas, comment allait-on la sortir de là? Allait-elle rester prisonnière ici toute sa vie? La nourrirait-on comme un animal sauvage, en passant les aliments au travers des barreaux? Ressentirait-elle à nouveau, un jour, une chaleur humaine autre que la sienne? Le délice de se sentir serrée dans les bras d'une personne qui lui était chère?
Sans pouvoir s'en empêcher, son regard glissa jusqu'à sa grand-mère et son meilleur ami, la mine déconfite. Le coup d’œil qu'elle échangea alors avec ceux-ci était lourd de sens tant à leurs sentiments.
― J'ai de grosses pinces, chez moi, fit un jeune homme d'une vingtaine d'années dont le timbre de voix semblait avoir oublié de descendre d'un octave lors de son adolescence. Peut-être qu'avec elles, je pourrais essayer de couper le cadenas? J'ai déjà entendu que ça se faisait, en ville. C'est certain que, normalement, elles servent à des fins moins rigoureuses que ça, mais on ne perd rien à essayer, non?
En entendant ces paroles, Kelly aurait voulu sauter au cou de ce bon samaritain. Il venait de lui redonner espoir et elle se sentait soudain soulevée par l'espérance, qui l'abandonnait petit à petit à peine quelques secondes plus tôt. Tout n'était pas fichu. C'était tout ce dont elle avait besoin d'entendre. On allait la sortir de là. Chaque problème avait sa solution, et le sien aussi. Elle n'avait nul besoin d'autre chose pour se raccrocher à l'optimisme. À nouveau, elle regarda les deux êtres chers à son cœur et lut du soulagement dans leurs yeux, signe qu'eux aussi croyaient en cette piste de solution.
Les membres de l'assemblée se mirent à dévisager leurs voisins, comme pour voir ce qu'ils pensaient de l'idée, mais aucun ne semblait trouver d'objection à tenter cela.
― Mais ça ne vous dérangera pas si vos pinces crochissent ou se cassent? voulut tout de même savoir Mireille.
― J'aime toujours mieux cela que de ne rien tenter et laisser cette jeune fille seule enfermée dans une cage, répondit l'homme en se mettant à fixer son interlocutrice dans les yeux.
Les larmes aux yeux devant tant de gentillesse, la fillette ne put s'empêcher de remercier à faible voix celui qu'elle considérait déjà comme son sauveur. Elle savait que, ici, chaque personne tenait particulièrement à ses outils de travail, assez durs à se procurer dans une petite communauté comme la leur, loin de tout. Son bienfaiteur perçut ses paroles et, en lui faisant un grand sourire, partit suivi de quelques autres personnes pour chercher de quoi la libérer.
― Dis? fit distraitement Kelly en fixant le point que l'homme venait de quitter. Qui c'est, lui?
Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à toutes les fois où elle l'avait vu et où il lui avait semblé aussi banal que tous les autres. Alors que, maintenant, c'était son héros, qui venait de gravir les échelons de son estime à une vitesse vertigineuse.
― Il s'appelle Benjamin, lui annonça sa tutrice.
Ce nom se joua plusieurs fois dans sa tête. La fillette voulait être certaine de ne pas l'oublier, tout comme l'acte héroïque qu'il s'apprêtait à exécuter. Dès qu'elle sortirait de cette cage — car elle voyait à présent cette opportunité comme une certitude — , elle irait, après avoir fait une immense accolade à ses proches, le remercier à coup sûr. Il faisait preuve de tant de bonté qu'elle se souviendrait sans aucun doute possible très longtemps de ce qu'il allait faire.
Pour passer le temps, Alex commença à lui parler de tout et de rien. Kelly l'écoutait distraitement lorsque, d'un coup, elle réalisa que, si elle avait réussi à échapper à Cynthia, soit il n'y avait pas de mort, soit la créature satanique était partie chercher une autre personne. Aussitôt, sa curiosité la rongeant, la jeune fille interrompit son meilleur ami sans aucune forme de bonnes manières et demanda qui était mort durant la nuit.
― Arthur, soupira la vieille dame. On l'a trouvé en te cherchant, en plein milieu de la rue. Si tu savais à quel point ces meurtres pèsent sur mon moral...
Le coeur de la fillette s'arrêta de battre un instant, réalisant qu'elle possédait peut-être là la clé pour sauver le sort de sa grand-mère. Ou peut-être aussi l'empirer.
― Arthur... celui qui avait des soupçons sur toi?
Si c'était bien lui qui s'était fait tuer, soit on accuserait sa tutrice de meurtre dans le but de rester en vie, et donc d'être une créature satanique, soit, dans le meilleur des cas, on oublierait les propos qu'il avait servi contre la vieille femme et la vie reprendrait son cours.
Mireille acquiesça lentement d'abord, comme par automatisme, avant de se figer. Sans doute venait-elle de réaliser la même chose que sa petite-fille.
― Oui, précisément celui-ci, alors peut-être que... mais...
Elle suspendit sa phrase tout en posant une main à la fois fébrile et songeuse contre ses lèvres. Kelly s'attendait à ce qu'elle poursuive sa pensée, mais elle n'en fit rien. Les deux enfants se mirent alors à se dévisager, perplexes, puis Alex finit par hausser les épaules et à poursuivre sur sa lancée. Sa meilleure amie, entendant sans vraiment comprendre les paroles qu'il prononçait, pensa à ce moment à quel point il lui en voudrait, au Conseil. Elle allait devoir dénoncer sa mère, annoncer à tout le hameau que Cynthia était une créature satanique. Sans doute, après cela, ne voudrait-il plus lui parler. Mais elle avait bien réfléchi, et elle croyait qu'il était préférable pour le plus grand nombre qu'elle dévoile l'identité de celle qui l'avait poussé à s'emprisonner de son plein gré. Même si cela lui ferait presque aussi mal au coeur qu'Alex de voir une des personnes qu'elle considérait presque comme sa deuxième tutrice mourir, et par sa faute. Mais elle ne pouvait pas lui laisser faire du mal ainsi aux autres, de mettre tant de gens en deuil.
Son monologue intérieur prit fin lorsqu'elle perçut les pas précipités dans l'escalier.
― Je les ai! s'écria Benjamin en exhibant fièrement sa trouvaille en l'air alors que la petite équipe qui l'avait suivi dont Nicolas faisait partie descendait à son tour.
Le jeune homme marcha fièrement jusqu'à la cage retenant prisonnière la jeune fille, tenant à deux mains ses précieuses pinces de métal usées et visiblement fier de participer à un sauvetage. Lorsqu'il approcha l'outil ouvert de manière à encadrer le cadenas, Kelly retint son souffle pour la seconde fois, priant pour que celle-ci soit la bonne. S'il fallait que les pinces se rompent... elle n'avait plus aucune solution.
Il fallut plus d'une fois à l'homme pour atteindre son but. Le cadenas semblait forgé dans un matériau particulièrement résistant et, plus d'une fois, la fillette craignit de voir l'outil céder. Cependant, celui-ci tint bon et, lorsqu'il sectionna le métal sous un cri victorieux de la part de son propriétaire, toute la tension encaissée subtilement et nourrie par tous les gens présents retomba d'un coup. Benjamin retira en hâte le cadenas de sa loupe et, ouvrant toute grande la porte, laissa sortir la fillette sortir, en larmes, de sa minuscule prison. Cette dernière se jeta dans les bras de sa grand-mère, tombant à genoux avec elle sous l'effet de l'émotion. Elle la serra sans doute plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait et, perdue dans une reconnaissance envers tout ce qui l'entourait, pleura plus qu'elle ne l'avait fait toute la nuit durant.
Bientôt, Nicolas, vite suivi d'Alex, vinrent se joindre à leur étreinte. Le silence brisé de sanglots libérateurs occupait toute la place. Et, à ce moment, Kelly se sentit si bien qu'elle aurait voulu que ce moment s'éternise. Cependant, l'étreinte tira à sa fin et, pleurant et riant à la fois, elle s'essuya les yeux.
― Merci, sanglota-t-elle en se tournant vers tous les habitants réunis. Merci.
L'amour qu'elle lut alors dans tous les visages présents, y compris ceux à qui elle n'avait jamais parlé, laissa une sensation de chaleur en elle. On tenait à elle. Et elle était importante aux yeux de ces gens.
Reprenant contenance et s'écartant lentement des trois personnes les plus importantes dans sa vie, elle se leva pour se diriger, sous les yeux de tous, jusqu'à Benjamin. Spontanément, elle l'enlaça. Puis, une main chaude et rassurante vint se poser contre son dos, et l'envie de pleurer, qu'elle réprima aussitôt, l'envahit. Pour s'assurer de la voir régresser, elle ferma les yeux plus forts encore, un sourire en coin dansant sur ses lèvres.
Elle était libre. Et tout allait s'arranger.
― Merci, dit-elle en le lâchant doucement. Merci de m'avoir libéré.
― Ça me fait un immense plaisir, Kelly, répondit-il en s'accroupissant pour être à sa taille. On se refait ça n'importe quand!
Avec un clin d'oeil, il lui donna une petite tape amicale sur l'épaule avant de se relever.
― Et, alors, dis-nous, se pressa de lancer la mère de Florence, rompant le moment. Comment t'es-tu retrouvée enfermée dans cette cage?
La fillette se mit alors à leur raconter son histoire, relatant tout ce qui s'était passé durant la dernière nuit de son côté.
― Mais, alors, tu connais l'identité d'une des créatures sataniques! s'exclama Nicolas.
Soudain incertaine, son regard se posa une seconde sur Cynthia, qui semblait aussi suspendue à ses lèvres que les autres et qui avait, toute la matinée, semblé s'inquiéter pour elle à la manière d'une mère. Peut-être ne savait même pas qu'elle était une créature satanique. Et, si c'était le cas, elle ne pouvait pas balancer cette information à la manière d'une bombe dans cette pièce.
― Je... fit-elle en détournant le regard. Non, je ne le sais pas.
Tout son corps devait trahir le mensonge, de ses yeux à son pied qui avait commencé à nerveusement marteler le sol. Mal à l'aise, elle s'excusa auprès de la petite assemblée avant de s'enfuir de ce sous-sol qu'elle avait déjà trop vu. Peut-être révélerait-elle la vérité plus tard.
Peut-être.
Mais le moment n'était pas encore venu.
Bon, je vous ai encore laissé avec la dernière partie sans suite pendant une semaine. Et, comme d'habitude, j'ai une très bonne excuse. Arrêtez de vouloir me prendre, je vais toujours avoir mon excuse. 😆 Donc, voilà, mon ordi a commencé la semaine dernière à éteindre du moment que je le débranchais. C'est la deuxième fois qu'il me fait ça et le problème s'était résolu en achetant une nouvelle batterie, mais là mon père ne croit pas que c'est ça le problème. Donc, je n'ai pas pu faire de partie la semaine passée parce qu'on regardait pour régler le problème. Mais, comme il n'est toujours pas réglé, je me suis dit que je ne vous laisserais quand même pas deux semaines sans nouvelle partie, alors j'en ai fait une tout de même. Ce n'était pas un super achat, en tout cas, mon ordi. Je regrette un peu. 😕 Donc, voilà, c'était mon humble excuse, et j'espère que vous aurez aimé la partie 41 de Nouvelle Lune. Moi, je vous dis à la semaine prochaine et bon Halloween d'avance!!!
Et n'oubliez pas, restez positifs!
Bien contente que Kelly soit tirée d'affaire... 🌺 Et... désolée pour ton ordi 😢
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