Nouvelle Lune (partie 39)

 Se retrouvant seule face à une créature satanique, Kelly fit de son mieux pour s'échapper et alla se mettre en sécurité dans la grande cage située dans la maison vide de la vieille Louise...

Kelly était seule dans le noir, roulée en boule au milieu de la cage de fer depuis des heures. Contre toute attente, il n'avait fallu à Cynthia que quelques brèves minutes pour réaliser que celle qu'elle avait prise en chasse était maintenant hors d'atteinte et elle avait quitté la cave en rugissant de rage. La fillette avait alors lâché une inspiration tremblotante, priant pour que la prédatrice ne revienne pas et s'était lentement détendue. Cependant, l'adrénaline retombant, elle s'était retrouvée face à une affreuse douleur qui lui avait coupé le souffle. Son pied, alors toujours percé des éclats de verre, palpitait au rythme de son cœur. Son épaule, qui avait été perforée des griffes de la créature satanique, avait lentement cessé de saigner alors que le liquide organique en émergeant avait séché, emprisonnant des lanières de tissu avec lui. Sa joue marquée de cinq grands sillons dont l'un débutait affreusement proche de son œil la lançait douloureusement. La jeune fille, consciente de tout ce que ses grands-parents lui avaient dit concernant les échardes, s'était donc mise à l'oeuvre pour retirer, un à un, les morceaux de vitre prisonniers de son pied. La tâche avait été pire qu'escomptée. En courant pour sauver sa vie, Kelly se les était profondément enfoncés dans la plante de son pied. Elle avait donc dû aller les chercher du bout des doigts, où chaque mouvement commis lui faisait un mal de chien. Elle avait donc fini par tirer d'un coup sec sur tous ceux qu'elle réussissait à saisir, réprimant un cri de douleur chaque fois. À la fin de l'opération, son pied était en sang, tout comme une bonne partie du sol de la cage, mais, mis à part quelques éclats trop petits pour qu'elle réussisse à les atteindre, il était finalement libéré des fragments. Se servant de l'un d'eux, la pupille de Mireille avait alors sectionné une partie au bas de sa chemise de nuit pour en faire un long pansement qu'elle avait enroulé autour de son pied de manière à limiter l'écoulement du sang.

L'attente, douloureuse et poignante, avait alors commencé. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de retourner dans sa tête ce qu'il serait advenu d'elle si cette cage n'avait pas existé. Sans aucun doute, elle ne serait plus en vie. Puis, son esprit s'était tourné vers le don qu'elle avait acquis à la dernière nouvelle lune, qu'autant elle bénissait au moment du drame qu'elle maudissait en ce moment. Elle n'aurait pas été contre un moment de sommeil, qui l'aurait détourné de sa douleur et aurait pu la faire oublier un moment toutes les révélations horribles qu'elle avait eu au cours de la nuit. Cynthia était une créature satanique. Elle ne doutait pas un instant qu'Alex serait dévasté. Il avait perdu son père. Sa sœur, qu'il n'avait même pas eu le temps de connaître, s'était sauvagement faite prendre la vie à son tour. Et voilà que sa mère, la seule de sa famille qu'il lui restait, était une créature satanique qu'il faudrait dans un avenir rapproché pendre. Le tout en l'espace de deux semaines. Kelly aurait-elle la force de révéler à tout le Conseil que Cynthia était l'une des recherchées, et devant son propre fils en plus? Elle allait devoir enlever à son meilleur ami le seul membre de sa famille qu'il lui restait. Alors qu'elle venait tout juste de se rétablir avec lui. Leur amitié en serait-elle affectée? Lui en voudrait-il de briser le dernier bout d'espoir qu'il lui restait tant qu'à la famille parfaite dont il avait toujours rêvé? Sans doute. Mais, d'un autre côté, si elle ne le révélait pas et qu'il finissait par se faire tuer? À ce moment, ce serait à elle-même qu'elle serait incapable de pardonner. Et ses grands-parents, qui n'étaient jamais intervenus dans l'incident de la nuit...

Ces pensées avaient tellement tournées dans sa tête qu'elle avait fini par s'épuiser et, même dans l'incapacité de s'assoupir, avait trouvé un certain réconfort dans le fait de s'allonger et de fermer les yeux, ne serait-ce que pour arrêter de voir tout ce sang qu'elle avait perdu qui maculait ses vêtements et le fond de la cage. 

Lorsque l'aube se pointa enfin, diffusant ses faibles éclats de clarté dans la pièce, Kelly se mit à souhaiter de tout son être que ses grand-parents, ou qui que ce soit d'autre, remarque son absence et se mette à sa recherche. Elle n'allait pas pouvoir rester bien longtemps enfermée là : elle n'avait rien pu se prendre à manger ou à boire et elle était blessée, avec des plaies béantes risquant fort bien de s'infecter. Pourtant, avec le lever du jour, la réalité semblait vouloir la rattraper. 

Elle était seule. Dans un logement déserté depuis la mort de ses habitants. Enfermée et sans moyen de s'évader. Personne ne savait même — excepté Cynthia, qui n'allait jamais dénoncer sa position de crainte qu'on devine qu'elle était l'une des créatures sataniques — la raison de sa fuite ni si elle se trouvait loin de chez elle. La retrouverait-on? Allait-elle mourir de toute façon, mais de la soif et de la maladie au lieu de par l'action d'un prédateur? L'inquiétude s'appropriait sournoisement ses pensées au fur et à mesure qu'elle réalisait la situation dans laquelle elle s'était mise. Elle avait beau tenter de rester confiante et de se dire que tout irait bien, les mêmes contradictions se présentaient à elle comme si elles voulaient étouffer toute bribe d'espoir. Bientôt, sa respiration s'accéléra. Même si elle se mettait à crier, personne ne pourrait l'entendre, isolée comme elle l'était. Et qui la chercherait au plein centre de Thiercelieux, l'un des endroits le plus improbable pour s'enfuir? Tous porteraient leur choix vers la lisière du hameau, voire plus loin. Et si on ne la retrouvait jamais? 

Sa gorge se noua et, de désespoir, elle se mit à sangloter en silence. Certes, ce qu'elle avait fait durant la nuit pour se protéger était sa seule option sur le moment, mais, si elle avait disposé de plus de temps, aurait-elle trouvé une autre solution excluant son emprisonnement? Sur le moment, soulagée d'avoir trouvé un moyen de fuir Cynthia, elle avait trouvé cette solution idéale, mais, maintenant, seule et prisonnière, elle regrettait son choix. Et, même si on la trouvait, allait-on retrouver la clé permettant l’ouverture du cadenas qu'elle avait malencontreusement fermé alors qu'elle aurait peut-être pu faire autrement? 

Ses grand-parents et Alex, les trois personnes qui comptaient le plus dans sa vie, vinrent alors s'imposer à son esprit alors que, pour la première fois, elle envisageait qu'elle n'allait peut-être plus jamais les revoir. Si c'était le cas, au moins, elle les aurait quitté tous les trois dans de bonnes conditions. Elle venait de promettre à Alex de faire son possible pour démasquer les créatures sataniques lors de son départ. Et, pour ses tuteurs, la dernière fois qu'elle les avait vu remontait à la veille, lorsqu'ils étaient venus la border avant de dormir. Mais si elle devait ne jamais les revoir...

Sa première heure à la clarté du jour se passa ainsi, ruminant ses inquiétudes et son désespoir en boucle dans sa tête alors que, de ses yeux perdus dans le vide, coulaient de longs sillons de larmes.

Soudain, au-dehors, elle perçut des voix fortes criant son nom. Elle était recherchée. Quelqu'un la cherchait. Elle allait s'en sortir!

Comme un ballon, l'espoir la souleva et, sans prendre le temps de sécher ses larmes, elle sauta sur ses pieds et, s'accrochant aux barreaux la séparant de la fenêtre, elle hurla :

― Ici! Je suis ici! Grand-père! Grand-mère! Alex, quelqu'un! Je suis ici! Au secours!

Elle laissa s'éterniser un cri sur la dernière syllabe avant de se taire pour écouter si la personne qui avait crié son nom l'avait entendu.  Celle-ci continuait toujours à prononcer fortement son prénom, mais semblait s'éloigner. Aussi, lorsque les cris s'éteignirent dans le lointain, elle se laissa tomber au sol, désespérée. On était passé tout près d'ici, et malgré tous ses efforts, on ne l'avait pas entendu.

C'est fini. On ne me retrouvera jamais, pensa-t-elle en éclatant en sanglots.

Devinez quoi? La semaine passée, j'ai fait une gaffe, et dans ma propre histoire! En me relisant plus loin, j'ai réalisé que Christophe était déjà mort... alors que dans la partie de la semaine passée j'ai laissé entendre que non! J'ai donc tout de suite changé ça, comme ça si vous retournez voir, tout est beau maintenant, mais je sais que plusieurs d'entre vous l'avait déjà lu pendant que c'était incohérent, donc pour pas que vous me trouviez incohérente à cause de mon incohérence, je me suis dit que vous le spécifier ici serait bien. Donc voilà pour cette dernière partie dans les "30"... partie 40 la semaine prochaine!!! J'espère que vous avez apprécié le débat psychologique de Kelly dans sa cage et sur ce, je vous dit à la semaine prochaine!

Et n'oubliez pas, restez positifs!