Nouvelle Lune (partie 38)
Guettant la possible venue d'une créature satanique, Kelly perçut des pas dans sa demeure avant d’apercevoir l'une d'elles qui débarqua en trombe dans sa chambre et s'avérant n'être nul autre que Cynthia...
Kelly sentit son cœur se fendre en identifia Cynthia, sous une forme monstrueuse qui ne la réussissait pas du tout, sous l'identité de la deuxième créature satanique. Elle n'arrivait pas à croire que cette femme qu'elle aimait tant, qui avait élevé son meilleur ami et perdu son deuxième enfant, puisse être une créature satanique. Tout comme Esteban, elle était d'une gentillesse à toute épreuve et la fillette ne comprenait pas comment celle-ci avait pu se laisser saisir par l’entité qui avait fait d'elle une créature satanique. D'autant que celles-ci avaient...
Son souffle se bloqua soudainement dans sa poitrine. Elle revit, comme si la scène se déroulait devant ses yeux à une vitesse fulgurante, la jeune mère recroquevillée autour de son enfant... tué par les créatures sataniques. L'horreur la poussa à porter sa main à ses lèvres pour les couvrir dans une expression effarée.
Cynthia avait tué son enfant.
Kelly ne savait rien de ce que les créatures sataniques pouvaient ressentir ou faire, mais le fait était présent : la créature satanique avait tuée son propre enfant lors de sa naissance. Ou, peut-être — et la jeune fille s'accrocha à cette idée comme à une bouée de sauvetage — , était-ce la seconde créature satanique qui avait produit cet acte affreux. Car Cynthia attendait cet enfant depuis trop longtemps pour pouvoir lui prendre sa vie tout nouvellement accordée le jour même de sa venue au monde.
La fillette fut brusquement arrachée à sa stupeur lorsque Cynthia, ou celle qu'elle était devenue, interrompit le grondement qu'elle avait émis en continu depuis son arrivée pour lâcher un jappement empli de haine et de hargne. Ce ne fut qu'à ce moment que Kelly réalisa qu'elle était réellement en danger. Cynthia, dans son état naturel, ne lui aurait jamais fait de mal, mais pouvait-elle se fier à elle transformée ainsi? Tout en celle-ci, en cet instant, semblait reposer sur un instinct primitif destructeur. Elle semblait être devenue une sorte de machine de guerre ayant pour seul but de donner la mort. Et elle était sa proie.
L'adrénaline afflua d'un coup dans ses veines lorsqu'elle réalisa dans quel bourbier elle s'était faite entraîner. Cynthia, dans sa position voûtée, gardait pour le moment une distance de quelques mètres entre elles, bloquant l'accès à la porte. Campée sur ses jambes, la jeune fille réalisa malencontreusement que sa seule option résidait dans sa fenêtre qui n'avait jamais été ouverte, et dont l'essai ne pouvait pas être fait dans cette situation. Elle allait devoir la casser. Aussitôt, ses yeux se posèrent sur la chaise posée au sol à ses côtés. Rien d'autre autour d'elle n'était assez dur et maniable pour fracasser la vitre.
La créature satanique sembla soudain perdre patience et fonça sur elle, ses crocs tranchants exposés à la lumière blanche de la lune. La fillette ne perdit alors pas un moment. Elle empoigna le mobilier et enfonça de toutes ses forces l'une des pattes de celui-ci dans la fenêtre. Le coup porté la fissura tout en cassant le pied de la chaise. Elle s’apprêtait à porter un second impact lorsqu'elle sentit des griffes lui lacérer le dos, s'accrochant à sa chemise de nuit, et la jeter au sol. Le stress envahit tout son être et il ne lui fallut qu'un moment pour rappliquer et se remettre sur ses pieds. Elle remarqua aussitôt la porte, enfin dégagée, mais, coincée entre son lit jumeau, les murs et Cynthia, elle ne pouvait pas tenter grand-chose pour y accéder.
Tout dans son instinct lui hurlait de ne pas perdre de vue son assaillante, que si elle commettait un acte si irréfléchi, ce serait la fin, mais si elle ne tentait rien, sa vie pouvait tout autant se terminer sur le moment. La chaise toujours pressée contre elle, elle se retourna donc vivement pour porter un deuxième coup à la vitre.
Cette fois, celle-ci rendit grâce et se répandit en une fine pluie d'éclats tranchants, mais au même moment, des mains fermes se refermèrent autour du col de sa robe de nuit et la tira vers l'arrière, l'étranglant par le fait même.
Le choc résonna dans sa tête lorsque celle-ci percuta le sol. Elle demeura sonnée un moment, dont la créature satanique profita pour se précipiter sur elle. Lorsque la jeune fille sentit éclater dans son épaule une vive douleur, elle comprit que Cynthia venait de lui lacérer la peau de ses griffes et que, si elle ne bougeait pas sur l'instant, elle allait mourir. Des images des cadavres de Fred et de la sœur d'Alex passèrent en flashs dans son esprit. Elle risquait de finir comme eux. Éventrée, méconnaissable et morte. Elle devait se sortir de là.
Sans réfléchir, elle alla planter ses ongles sur le ventre à découvert, autant de poils que de vêtements, de la femme transformée et serra du plus fort qu'elle le pouvait. Cependant, cela ne sembla qu'agacer la femme aux forces décuplées qui fendit à présent sa joue mouillée de larmes de ses griffes, laissant de grandes traînées sur son visage angélique. Elle gémit de douleur et, réalisant que l'esquive lui serait sans doute préférable à l'attaque, elle saisit les chevilles de son attaquante et se fit glisser contre le sol entre ses jambes. Lorsqu'elle tira, laissant une traînée rougeâtre sur son passage, sa blessure béante à l'épaule s'ouvrit davantage, lui arrachant un cri de douleur perçant. Mais mieux valait cela qu'être morte. Des larmes naquirent aux coins de ses yeux sous l'effet saisissant de sa peau qui se déchirait et, en titubant, elle se releva. Cynthia poussa un rugissement de colère et, alors que Kelly détalait, suivie de celle-ci, elle ferma la porte derrière elle pour tenter de la retenir. Néanmoins, elle ne fut pas assez rapide et, au lieu de percevoir le son de sa porte se fermant bruyamment, elle continua à percevoir les pas, étonnamment pas suffisamment rapides pour la rejoindre. Peut-être, à défaut de leur grande force, les créatures sataniques perdaient de la vitesse de course sous cette forme. La fillette le souhaitait dans tous les cas de tout son cœur.
Lorsqu'elle passa devant la porte close de la chambre de ses grand-parents, la jeune fille réalisa que ceux-ci, malgré tout le bruit qu'elle et Cynthia avaient commis, n'étaient jamais intervenus. Pourtant, protectrice comme l'était Mireille et avec autant de courage que Nicolas, ils auraient dû se présenter. Mais non. Et le moment était mal choisi pour vérifier ce qui avait bien pu les retenir.
Lorsqu'elle sortit, pieds nus et vêtue uniquement d'une chemise de nuit lacérée dans le dos, s'élançant dans le dédale de rues et négociant les tournants les plus serrés possible, elle marcha dans les éclats de vitre qu'elle avait produit en cassant sa fenêtre. Ceux-ci s'enfoncèrent profondément dans son pied, la faisant grimacer de douleur, mais elle ne ralentit pas. Elle ne pouvait pas se le permettre.
Chaque enjambée la faisait affreusement souffrir, elle sentait une substance visqueuse — du sang — lui couler le long de la poitrine et son visage palpitait, mais elle continuait vaillamment, une destination précise en tête.
Lorsqu'elle arriva devant la maison de la vieille Louise, Kelly, qui avait réussi à distancer sa rivale de quelques mètres, n'hésita pas. Elle ouvrit la porte en grand, juste le temps d'y pénétrer, puis la ferma et glissa la chaîne de sécurité aussi vite qu'elle le put. À peine quelques secondes après avoir exécuté la dernière action, elle entendit un grand fracas sur la porte. La créature satanique venait de la percuter. À l'extérieur, elle entendit celle-ci crier de rage à la manière d'un animal. Kelly savait que la petite chaînette ne retiendrait pas Cynthia bien longtemps, mais elle espérait avoir assez de temps pour mettre à exécution son plan.
Il avait toujours été de notoriété publique que la vieille Louise avait élevé de son jeune temps des chiens de garde particulièrement farouches et qu'elle possédait toujours au sous-sol la grande cage en fer se fermant à clé où elle les gardait. De plus, comme l'habitation était vide depuis la mort de ses deux occupants, aucune victime supplémentaire ne risquait d'être faite par son choix.
Il ne fallut pas longtemps à Kelly pour trouver la descente d'escalier menant au sous-sol. Aussi, à peine quelques secondes après son entrée, sous les bruits incessants de chocs provenant de l'entrée, elle descendit dans la noirceur. Quelques secondes d'immobilité lui furent nécessaires pour adapter sa vue à l'obscurité brisée partiellement par les fenêtres diffusant la douce lueur de la lune. La cage, vide et imposante, au cadenas déverrouillé laissé à l'endroit où il avait tant servi, se dressait entre les autres articles laissés à l'abandon dans ce débarras peu aménagé. La jeune fille enjamba du plus vite qu'elle le put ce qui entravait son chemin, pressée d'en venir à bout. Quelques pas la séparaient seulement de son but lorsqu'elle entendit un craquement sonore suivi d'un vacarme ahurissant. Elle n'avait plus de temps.
Elle tenta de sa hâter plus encore et trébucha sur un objet, se rattrapant à grand-peine. Enfin, la cage se tint devant elle, assez grande pour l'accueillir assise au centre sans qu'elle puisse être atteinte si Cynthia se décidait à passer les bras entre les barreaux. Elle y pénétra en hâte, l'espoir de rester en vie la faisant avancer plus que tout.
De grands bruits de pas résonnèrent alors dans l'escalier. Nerveusement, elle saisit le cadenas ouvert, le fit passer la loupe le retenant à la cage, ferma la porte et, passant le bras entre les barreaux, lui fit reprendre sa position initiale et le barra. En levant la tête, elle vit la créature satanique, à quelques pas d'elle, et se dépêcha de réintégrer entièrement ce qui assurait sa sécurité.
En prenant une inspiration frémissante, sous le grognement rageur de son assaillante, la fillette songea que le lendemain, ses grand-parents remarqueraient sans doute qu'elle avait disparu et partiraient à sa recherche. Alors, ils trouveraient la clé de la cage et la libéreraient. Ou bien, ils trouveraient à coup sûr une solution pour la sortir de là. Mais pour le moment, elle était en vie.
Et c'était tout ce qui comptait.
Hou là! Jamais je n'aurais pensé, quand j'ai commencé à écrire, que cette partie serait aussi longue! J'y ai passé beaucoup plus de temps que ce que j'avais en tête au départ! Je croyais même qu'elle allait être l'une des parties les plus courtes, vu le temps qu'il me restait, mais non, au contraire! Et je crois que vous ne vous en plaindrez pas 😉 En tout cas, déjà assez de mots écrits comme ça, moi je dois y aller alors je n'éterniserai pas cette conclusion, mais j'espère que vous avez apprécié cette partie qui a sans doute été la plus riche en action de tout ce blog et je vous dit à la semaine prochaine!
Et n'oubliez pas, restez positifs!
J'adore ton histoire, je me tiens sur le bout de mon siège jusqu'à la toute fin! (Mon amie a même essayer de m'appeler plusieur fois sans que je ne la remarque pendant ma lecture...) En tout cas, j'ai trop hâte à la semaine prochaine!
RépondreSupprimerHo mon dieu merci ☺☺ Ça me fait vraiment plaisir que tu aimes ça et que tu le dises comme ça c'est des commentaires comme ça qui me motivent à écrire une nouvelle partie chaque semaine ❤
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