Nouvelle Lune (partie 32)

 Lors du Conseil, Arthur porta ses soupçons sur Mireille en sortant des arguments assez convaincants pour qu'un peu plus de la moitié des membres du hameau se joignent à lui dans la décision du prochain pendu. Alors que le sort de la vieille dame semblait scellé, une forte détonation résonna, propageant le Conseil dans le chaos...


Kelly battit rapidement des paupières, des larmes s'accrochant toujours au coin de ses yeux, incapable de comprendre ce qui venait d'arriver. Le sort de sa grand-mère semblait jusque⁻là décidé, William avait même commencé à prononcer que c'était celle-ci qui les quitterait en soirée. Et voilà que quelque chose explosait, sauvant — pour le moment — la vieille dame d'un sort qu'elle ne méritait pas le moins du monde. La jeune fille, voyant les plus jeunes enfants éclater en sanglots, leurs mères tenter de les rassurer munie de leur voix la plus douce, la plupart des hommes se crier une série de phrases pour se rassembler et s'élancer quelques secondes plus tard vers la provenance de la détonation et d'autres, comme elle, cherchant une explication logique à ce venait tout juste de se produire, sécha les larmes au coin de ses yeux, secoua la tête, puis se tourna vers Alex qui, fébrile, se cramponnait à la main de sa mère tout en lui lançant une question sur une autre. Étourdie par tant d'action et de sons différents lui provenant en masse, Kelly s'éloigna à pas rapides, les mains crispées sur son front dans un vain espoir de faire cesser l'afflux de données qui s'invitaient en elle. Si elle demeurait un moment de plus entourée de tout ce chaut, elle allait avoir une migraine à coup sûr. Elle avait souvent vu sa grand-mère s'éloigner des sources de distraction lorsqu'elle commençait à être atteinte d'un mal de tête, aussi supposa-t-elle que cela serait en mesure de l'aider elle aussi. Cependant, à chaque pas qu'elle faisait, la fillette sentait son mal de crâne empirer comme si sa tête ne demandait qu'à exploser. Le martèlement de ses pieds sur le sol se réverbérait dans sa tête en un écho infini. 

Le silence. Elle avait besoin plus que tout de silence.

Dès qu'elle arriva chez elle, Kelly se précipita dans sa chambre, incapable de soutenir plus longtemps le son que ses pieds produisaient sur le sol. Épuisée par les émotions que lui avaient fait vivre le Conseil et désirant plus que tout faire cesser sa douleur à la tête, la jeune fille finit par sombrer dans le sommeil. Ce ne fut que quelques heures plus tard que la faim la réveilla. Étonnée, elle se redressa en laissant ses jambes glisser jusqu'au bord de son lit. Elle avait dormi. Alors que, depuis que les créatures sataniques étaient entrées en scène, elle n'avait pas réussi à fermer l’œil une minute. Comment avait-elle pu s'endormir? Elle en était venue à croire que le sommeil était devenu une chose lui étant inaccessible. Alors que, sans le moindre doute, elle venait d'y sombrer. La noirceur régnant dans sa chambre, signe que le soleil avait chuté derrière la ligne d'horizon, venait confirmer ses doutes. La nuit avait élu domicile au firmament durant sa sieste. Elle devait avoir dormi longtemps. Seules quelques heures s'étaient écoulées depuis le dîner lorsqu'elle s'était laissée aller au sommeil.

Ébahie, Kelly cligna quelques fois des yeux pour se redonner contenance avant de se diriger vers la cuisine dans le but d'assouvir sa faim. Heureusement, elle put constater que sa migraine avait disparue lorsqu'elle se mit en marche. 

Lorsqu'elle parvint à la cuisine, la jeune fille fit quelques pas en direction du garde-manger avant de se figer. En bordure de son champ de vision, un mouvement venait de l'alerter d'une présence inopportune. Elle se retourna vivement vers la porte d'entrée où, assis à la table, un homme la regardait.

― Alors, tu t'es enfin décidée à te lever? fit la voix grave de Nicolas.

La tension dans ses épaules se relâcha aussitôt.

― Oui, il faut croire que j'étais... fatiguée, répondit-elle sur un ton incertain. Mais j'ai faim. Je peux bien prendre quelque chose à manger?

Dans la pénombre, elle vit son tuteur acquiescer lentement. Elle se déplaça donc à pas nerveux vers sa destination initiale. La gravité semblant animer son grand-père la rendait agitée. Ce n'était pas dans son habitude de lui parler sur ce ton. Elle se servit donc en vitesse la mie de pain posé sur l'une des étagères avant de se rendre avec précaution à la table. Elle tira délicatement la chaise qu'elle avait l'habitude d'occuper pour s'asseoir près de Nicolas. Dans une tentative de meubler le silence qui lui pesait, elle déchira du bout de l'aliment qu'elle tenait pour l’engouffrer dans sa bouche. Lorsqu'elle déglutit, elle osa enfin poser une phrase.

― Alors? Vous avez réussi à trouver ce qui a explosé?

Le vieil homme ne répondit immédiatement, laissant longuement son regard dans le vide, si bien que Kelly s'apprêtait à reposer la question lorsqu'il laissa échapper un "non" distrait.

― Enfin, si, reprit-il aussitôt. Mais on n'a pas trouvé qui l'a fait exploser. Mais je parierais sur Liam.

Dès qu'il eut terminé sa phrase, il se remuera dans le silence, laissant ses doigts tapoter la surface de bois. Il était visiblement en pleine réflexion et distrait comme jamais il ne l'avait été auparavant. Dans son regard semblait peser une infinie tristesse, bien qu'il ne la laissait pas paraître dans ses propos.

― Grand-père? s'inquiéta Kelly. Tout va bien?

Comme si cette phrase l'avait ramené à la réalité, son tuteur tourna enfin la tête vers elle, les yeux grands ouverts dans une expression étonnée.

― Je... oui, je.... c'est que...

Il émit un soupir à fendre l'âme.

― C'est juste que j'ai vraiment eu peur pour ta grand-mère, parvint-il finalement à prononcer. Si elle avait dû être accusée des meurtres que... 

Il détourna le regard.

― Grand-père...?

― Non, fit-il sèchement en levant la main entre eux. Je ne veux pas de ta pitié. (Lentement, il retourna les yeux sur sa pupille.) Mais sache que s'il arrivait quelque chose à ta grand-mère... 

Dans le noir, Kelly entendit son tuteur prendre une grande inspiration.

― Sache simplement que tu ne veux pas qu'elle perde la vie pendant que tu es sous notre toit.

Sur cette phrase pleine de sous-entendus, il se leva, manquant de renverser sa chaise par le fait même, puis sortit prendre l'air. Sa pupille était tellement sous le choc de sa dernière phrase qu'elle en oublia de rattraper Nicolas pour lui rappeler que les créatures sataniques profitaient de la nuit pour faire leurs victimes et que c'était une très mauvaise idée de sortir à cette heure. 

Qu'avait-il voulu dire par là? Et lui, ce n'était pas important s'il mourrait? Que se produirait-il si Mireille venait à rendre l'âme pendant qu'elle vivait chez elle? 

Laissée avec quantité questionnements, la jeune fille laissa distraitement son morceau de pain sur la table avant de marcher vers sa chambre. Visiblement, son tuteur lui cachait quelque chose. Mais quoi?


Mission accomplie! J'ai ma deuxième dose de vaccin contre la COVID-19! C'est d'ailleurs à cause d'elle que cette partie vous parvient plus tard. J'ai eu mon vaccin vendredi et, samedi, surtout en après-midi et en soirée où j'écris habituellement les nouvelles parties de Nouvelle Lune, j'ai eu une grosse fatigue qui m'a prise. J'ai tout de même réussi à écrire la majorité de l'histoire hier mais, quand ça a été le temps de souper, je ne me sentais pas trop en forme pour continuer d'écrire après le souper comme je le fais d'habitude donc... voilà! J'espère que ma fatigue ne paraissait pas trop dans l'histoire et qu'elle vous aura plu 😊 Je vous dis donc à la semaine prochaine, faites-vous vacciner pour qu'on puisse reprendre en septembre une rentrée scolaire normale...

Et n'oubliez pas, restez positifs!

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