Nouvelle Lune (partie 24)
Abattue de prendre connaissance de la mort de son alliée, Solange, Kelly se réfugia dans sa chambre et fut rejointe par Mireille qui la réconforta avant que les deux filles ne se fassent interrompre par Nicolas venu les avertir de la très prochaine création du cimetière du hameau...
Cela devait bien faire une heure que les tuteurs de Kelly étaient partis aider pour la démolition de la maison de Louis et, déjà, la fillette n'en pouvait plus. Elle avait tant envie de savoir comment le travail avançait, qui y participait, quand ils pourraient commencer le cimetière pour pouvoir mettre les morts en terre... Personne ne lui avait expressément dit qu'elle ne pouvait pas venir, mais on ne l'avait pas invité non plus. Si elle se présentait et restait à l'écart, juste pour observer, pourrait-on lui dire de partir? Elle ne dérangerait pas, après tout.
Sa décision ne fut pas longue à prendre : quelques secondes plus tard, elle était dans la rue, direction le centre du hameau. En écho, elle percevait les sons des marteaux, des scies et de planches s’affaissant au sol. Elle se demandait si certains exécutaient la démolition avec peine et nostalgie? Ou alors la majorité étaient plein d'entrain, heureux de passer un moment avec les autres habitants? Elle s'interrogeait de ce que, elle, elle ressentirait. Du bonheur à voir concrètement l'élimination d'une créature satanique? Ou alors une grande tristesse l'envahirait en pensant à celui qu'était Louis avant de sombrer du côté du mal? Elle ne savait le dire.
Au fur et à mesure que ses pas la portaient vers le centre de Thiercelieux, les sons de la démolition en cours lui parvenaient de plus en plus fort et certaines conversations commençaient à l'atteindre par bribes. Peut-être Alex était-il présent dans la même intention qu'elle et qu'ils pourraient commenter ensemble les travaux. Cela lui plairait bien. Depuis leur réconciliation, ils n'avaient pas eu un moment ensemble, mis à part la matinée de celle-ci. Il lui tardait donc de retrouver son ami.
Dès qu'elle arriva au chantier improvisé, elle vit que ce n'était pas le cas, mais que Florence observait les travailleurs, les bras croisés contre sa poitrine, l'air satisfaite comme si c'était elle qui gérait les travaux. Kelly n'avait presque jamais parlé à l'adolescente et celle-ci l'intimidait un peu par sa grandeur et l'impression qu'elle dégageait, même si elle semblait très gentille. Elle s'installa donc quelques mètres à l'écart d'elle pour avoir une belle vue sur la démolition. Très vite, elle repéra ses grand-parents qui s'entraidaient côte à côte.
Tous les meubles que Louis avait utilisé de son vivant avaient été sortis et gisaient en tas à quelques pas de sa maison. Au sol, un pan de mur entier, découpé en plusieurs morceaux, avait déjà été aboli, comme si un petit groupe avait commencé seul et s'était occupé du côté droit de la demeure avant d'être rejoint par les autres, auxquels avait été attitrés les trois autres murs principaux qui étaient effondrés en partie à présent. Plusieurs hommes, surtout, criaient des directives à d'autres pour couvrir le son de la destruction. Kelly se sentait étrangement excitée de voir ce tournant dans leurs vies. Et de plus, la plupart semblaient exécuter leur travail dans la bonne humeur et bavardaient gaiement entre eux.
― C'est beau, hein? De tous les voir comme ça. Soudés. Unis.
Sans que la jeune fille ne s'en rendre compte, Florence s'était approchée d'elle. Soudain timide et perdant son sourire excité, elle baissa la tête et répondit un petit "oui". Comme elle n'avait pas l'intention de faire la conversation avec quelqu'un qu'elle ne connaissait presque pas, la fillette n'ajouta rien et souhaita secrètement que l'adolescente parte et la laisse tranquille pour qu'elle puisse continuer de regarder la belle chimie qui régnait entre les adultes qui lui faisait un effet exaltant. Mais, évidemment, Florence se sentit obligée de rajouter quelque chose.
― Tu n'as pas hâte, toi, que tout revienne à la normale? De pouvoir dire que ce cimetière qu'on va faire ne sert plus à rien sauf à de rares exceptions. De pouvoir t'endormir le soir sans te demander si tu te réveilleras le lendemain. D'arrêter de me voir débarquer chez toi chaque jour pour vous annoncer qui est mort.
Elle rit à cela un peu tristement et la regarda en attendant une réponse. Bien entendu, Kelly lui donna une réponse positive, puis reporta son attention sur le chantier pour faire passer un message muet à son interlocutrice. Qui ne le comprit pas et enchaîna avec une autre question :
― Tu es bien, avec tes grand-parents? Tu ne te demandes jamais qu'est-ce que ça serait ta vie, avec tes parents?
Bien sûr que cela lui arrivait. Régulièrement. Mais elle avait moins que tout au monde envie de parler de cela à Florence, qui venait de passer une limite invisible dans sa tolérance. On n'avait jamais voulu lui parler de ses parents, et voilà qu'elle lui posait une question sur eux comme si de rien n'était. Elle ne savait pas ce que ses géniteurs avaient fait par le passé pour attirer la haine de leurs confrères et que même leur propre fille ne puisse rien savoir de leur existence, mais il était hors de question d'entamer ce sujet.
― Kelly? Kelly est-ce que tout va...
Elle fuit loin de cette intruse avant d'entendre le reste, trop occupée à mettre une bonne distance entre elles. Et si elle avait l'intention de la suivre, elle s'enfuirait encore plus loin, alors. Même si elle devait retourner chez elle.
Un large rond exécuté la mena de l'autre côté de l'ancienne habitation du maire où elle perdit de vue ses tuteurs, mais également où elle observa que l'adolescente ne l'avait heureusement pas suivie. La question qui l'avait fait fuir la ramena cependant douloureusement à ses propres interrogations, qu'elle avait mis de côté pour le moment, si prise par leur situation actuelle qu'elle n'avait même pas eu le temps d'y penser. Mais il y avait toujours ces nombreux instants d'incertitude où elle se demandait si ses parents l'aimaient, s'ils l'avaient abandonné, ce qu'ils avaient fait pour ne pas se faire aimer de tout le monde, pourquoi on refusait toujours de lui parler d'eux... Avec le temps, elle avait fini par cesser de poser des questions, mais celles qu'elle se posait n'avaient pas cessé, même si elles n'étaient pas formulées. Et cela lui faisait toujours mal. L'incertitude. Le doute. Ils la consumaient de l'intérieur à petit feu.
Son attention se reporta sur les constructions où la démolition avançait à bonne allure. La majorité des personnes étaient des hommes, mais quelques femmes s'affairaient également, dont Mireille et Alyson, la veuve de Fred.
Soudainement, en lisière des travaux, Kelly perçut un mouvement vif et, en levant la tête, la fillette vit Liam, qu'elle n'avait pas revu depuis la fuite de ce dernier. Il était à l’affût du moindre mouvement près de lui et semblait chercher quelque chose en particulier.
...mais c'est un secret.
Il en va de leur survie.
Ces deux phrases qu'il avait prononcé l'avaient hantées depuis qu'il les avait lâchées. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait qu'elle devait absolument prendre connaissance de la signification de ces paroles. Il était le seul à pouvoir lui en expliquer le sens.
― Liam! Liam!
L'homme se retourna brusquement dans sa direction et son regard s'attarda longuement sur elle. C'était sa chance. Elle ne se représenterait peut-être jamais et elle devait absolument la saisir. Entièrement focalisée sur le fugitif, elle fonça dans sa direction alors qu'il la fixait toujours, immobile.
Puis, tout se déroula très vite. Des cris affolés commencèrent à retentir. Elle ne percevait pas bien ce qu'ils disaient, mais son nom revenait à intervalle régulier. Liam se mit ensuite à prendre la fuite, et elle se lança dans des enjambées plus désespérées encore en continuant de répéter le nom de l'homme. Elle vit ensuite du coin de l’œil une poutre tomber vers elle et elle se retourna, fit de grands gestes pour tenter de l'éviter en la regardant tomber vers elle. Les cris devinrent horrifiés, certaines personnes accoururent vers elle, le choc résonna dans sa tête. Et tout devint noir.
Oui, je plaide coupable. Ceci est l'article que j'ai publiée le plus en retard, mais je vous jure que j'avais de très bonnes raisons à ça. J'avais un nombre phénoménal de choses à faire en fin de semaine (et j'en ai encore pour demain). Mais bon, passons cela. Cette semaine, on a passé le cap des 1000 visites sur le blog!!! Je suis tellement contente, je vous jure! Et, incluant les miens, on est à 93 commentaires, presque 100! Je suis tellement contente, je vous jure (oui, je me répète, et alors?). Je vous suis vraiment redevable de me suivre comme ça et de continuer à me lire semaine après semaine. Je sais bien que certains ont lâchés l'aventure, mais je les comprend : je suis la première à ne pas être addictive à la lecture à l'écran. Mais bon, les vrais sont toujours là, c'est l'important! Et je suis vraiment contente que vous soyez toujours là et me soutenez dans mes objectifs et mes efforts. 😊 Alors à la semaine prochaine pour une prochaine partie pour voir ce qu'il adviendra de notre belle Kelly!
Et n'oubliez pas, restez positifs!
Wow !!! 1000 visites, ce n'est pas rien... Félicitations !!! 🥰
RépondreSupprimerMerci!!!
Supprimer