Nouvelle Lune (partie 2)

 Kelly passa une nuit très agitée ce jour-là. Elle se réveilla presque toutes les heures et il lui fallait un temps fou pour se rendormir. Pourtant, elle ne voyait pas ce qui lui arrivait, car elle s’était endormie comblée le dernier soir. On aurait dit que quelque chose lui faisait pression et la rendait triste. 

Vers cinq heures trente du matin, elle se leva, incapable de continuer plus longtemps sa phase de sommeil. Elle fut énormément surprise de tomber sur ses deux grands-parents qui buvaient déjà leur café matinal. 

— Mais! s'exclama-t-elle. Vous êtes déjà levés?

— Et toi aussi, à ce que je vois, lui fit remarquer son grand-père. 

Il n’avait pas tort, et elle lui expliqua la raison de son réveil hâtif. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu’elle sut que c’était pour la même raison qu’ils s’étaient levés tôt eux aussi. 

— C’était la nouvelle lune, cette nuit, tenta d’expliquer Mireille. La Terre porte une énergie particulière ces jours-là... Mais c’est tout de même surprenant, l’énergie est infiniment plus intense lors d’un pleine lune...

— La lune est si puissante, grand-mère? s’étonna Kelly. 

— Beaucoup plus que tu ne le crois. À elle seule, elle influence la nature et les marées. 

— Pourquoi tu penses que ça nous a fait ça cette nuit? Ça n’était jamais arrivé, avant!

— Non, tu as raison. Je n’ai aucune idée ce qui a pu occasionner cela. Certaines choses n’ont aucune explication, ma chérie. 

À son arrivée chez Alex, Kelly le trouva, ainsi que sa mère, aussi cernés qu’elle. Cynthia, qui allait accoucher d’un jour à l’autre, lui expliqua qu’étrangement, ni elle, ni son mari, ni son fils n’avait passé de bonne nuit. 

— Hé! Nous aussi, c’était ça! Nous étions tous les trois vraiment très fatigués quand nous nous sommes réveillés!

— Alors nous ne devons pas être les seuls, fit remarquer la mère d’Alex. 

En effet, lorsque le père d’Alex rentra à la maison, signe qu’il était temps pour la fillette de retourner chez elle, elle l’entendit glisser à Cynthia que plusieurs personnes n’étaient pas venues travailler ce jour-là et que tous ceux qui y étaient travaillaient lentement et péniblement. La gamine commençait à s’inquiéter. Qu’arrivait-il donc à son ô combien cher petit hameau? Thiercelieux était-il en proie à une maladie soudaine ou était-ce tout le continent entier qui souffrait précisément ce jour-là de cette mystérieuse et soudaine fatigue? Kelly avait beau n’avoir que huit ans, elle sentait bien que quelque chose clochait. Et elle n’était pas la seule à s’inquiéter. Tout Thiercelieux semblait mu, en ce lendemain de nouvelle lune, d’une onde d’inquiétude, comme si quelque chose planait sur chacun de ses habitants. Nicolas, qui avait pourtant toujours été en parfaite santé, était pris d’une affreuse migraine qui le força à oublier l’option du souper. Mireille s’en inquiétait énormément et sa pupille le ressentait plus qu’aucun adulte censé ne pourrait un jour l’imaginer. Heureusement, la grand-mère de Kelly se portait bien, ce qui faisait toujours moins de poids à porter sur les épaules de sa petite-fille. Elle était déjà si inquiète pour son grand-père... 

Le souper terminé, elle fila droit vers son lit. Être propre avait peu d’importance dans des circonstances comme celles-ci. Des gémissements se faisaient entendre de la chambre des adultes et devenaient de plus en plus insupportables. Mireille fut la seule à venir la border ce soir-là. Une fois qu’elle fut partie, Kelly sanglota en silence dans son lit, attendant que le sommeil l’arrache à une souffrance émotive qu’elle n’avait jamais connu jusqu’à maintenant. Son insouciance n’avait jamais été brisée jusqu’à ce jour, où Nicolas semblait au bout de sa vie. Elle était terrifiée.

Cependant, le sommeil ne vint pas. Elle avait beau se tourner et se retourner dans son lit, avoir passé la dernière nuit presque sans repos, rien n’y faisait. Elle devait donc endurer les gémissements de Nicolas qui, heureusement, s’atténuaient, mais persistaient toujours. 

Après plusieurs heures d’insomnie, Kelly finit par comprendre qu’elle ne s’endormirait pas. Elle s’assit sur son lit et regarda à la fenêtre, prise d’une soudaine et étrange nostalgie.

— Maman... papa...

Elle ne savait pas ce qu’elle voulait leur dire. En fait, elle n’avait aucune idée de pourquoi elle s’adressait à eux, qu’elle ne connaissait pas, dont elle ne savait rien. Mais elle avait la curieuse impression que cette nostalgie se référait à eux. Mais comment pouvait-elle être nostalgique alors qu’elle ne les avait pas connus? La nostalgie n’était-elle pas le regret de certains souvenirs se rattachant au passé? Cependant, elle n’avait aucun souvenir d’eux... et pourtant...

— Je ne sais pas ce que... Comment est-ce que je dois...? Mais... pourquoi... pourquoi... 

Des larmes coulèrent sur ses joues. 

— Pourquoi m’avez-vous abandonnée? Je... Pourquoi je ne sais rien de vous? Je sais que vous n’êtes pas morts, parce que sinon, on me l’aurait dit! Mais là... 

Elle soupira entre ses pleurs.

— Alex va avoir un petit frère ou une petite sœur bientôt. Je ne lui ai jamais dit, ni à grand-mère et grand-père, mais j’aurais tellement aimé avoir une sœur! J’aurais même pu avoir un frère, ça ne m’aurait pas dérangé! Mais je me sens tellement... seule...

C’était la première fois de toute sa vie qu’elle arrivait à mettre des mots sur le trou qu’elle ressentait dans son cœur, et cela lui fit un bien fou.

— J’aimerais... seulement...

Soudain, elle se retourna vivement vers sa fenêtre. Quelque chose venait de passer. Elle en était sûre. 

Les mains moites, le front plein de sueurs froides, la respiration rapide, elle figea. Après quelques instants, elle se ressaisit et jeta un œil à l’extérieur. La rue était vide.

« Ça devait être un animal... » se dit Kelly en se recouchant, rabattant ses couvertures le plus haut possible, juste sous son nez, comme pour se protéger.

En réalité, ce n’en était pas un.

Ses habitants ne le savaient pas encore, mais Thiercelieux était à l’aube d’une nouvelle ère. Cette nuit serait la dernière que Kelly ferait l’esprit tranquille, car sa vie prendrait tout un autres tournant dès la prochaine. Et elle n’était pas prête à cela.

Voilà la suite de « Nouvelle Lune » qui arrive sans doute plus tôt que prévu! Le temps des fêtes de cette année me laisse tellement de temps pour composer (même si je n’ai pas beaucoup de temps par jour : restrictions parentales...) que ça ne me prends pas une semaine entière à composer. Mon temps n’est pas occupé par des devoirs, et ça fait toute une différence! Je voudrais aussi, en ce 25 décembre, vous souhaiter un très joyeux Noël. Rendez ça spécial à votre manière, habillez-vous chics, même si ce n’est que pour votre famille, ça change tout! Ce Noël a le droit d’être mémorable, autant que tous les autres! Et, si vous aimez ce que je fais, n’hésitez pas à me suivre, ça me ferait très plaisir! Si vous avez un compte Google, vous n’avez qu’à cliquer sur les trois lignes horizontales en haut à gauche, puis sur le bouton bleu « suivre ». Sinon, vous pouvez aussi faire « suivre par e-mail » pour recevoir un courriel lorsque je posterai la suite de mon histoire. C’était mon petit instant de « publicité » 😉. 

Et n’oubliez pas, restez positifs!