Nouvelle Lune (partie 1)

 Parler des parents de Kelly avait toujours été un sujet très tabou dans sa famille, et celle-ci n’avait aucune idée du pourquoi de la chose. Elle avait été élevée par ses grands-parents dans le petit hameau de  Thiercelieux où presque tous les habitants étaient des adultes. La fillette n’avait qu’un seul ami qu’elle voyait le plus souvent possible. La présence de tant d’adultes près d’elle la limitait beaucoup dans ce qu’elle pouvait faire, ou plutôt dans ce qu’elle se permettait de faire. Elle se tenait toujours droite et obéissante lorsqu’elle sortait de la maison, saluait respectivement les passants et disait vous. À première vue, le hameau ne semblait pas destiné à avoir un avenir, tant la présence d’enfants était négligeable. Il n’y en avait en effet que quatre, dont deux avaient en bas de trois ans. La population grimpait à une vitesse si basse que certains disaient qu’au bout d’une dizaine d’années, tous ses habitants seraient morts et les enfants du présent auraient quitté l’endroit depuis longtemps pour les grandes villes. Kelly n’était pas d’accord avec cela. Thiercelieux était sa maison et jamais elle ne la quitterait. 

La journée s’annonçait belle et ensoleillée et les aînés de la fillette s’en réjouissaient. Ils devaient continuer les récoltes s’ils voulaient être prêts pour l’hiver lorsque celui-ci se glisserait sur les vallons, les plaines et les montagnes. L’automne ne tarderait pas à pointer son nez et les récoltes étaient loin d’être terminées. Mais, s’ils y mettaient tous leurs efforts, disaient ceux qui avaient élevé Kelly, tout devrait être prêt à temps pour la saison froide. Souvent, pendant que ses grands-parents étaient au champ, Kelly allait jouer chez Alex, dont la mère attendait un bébé pour bientôt et n’allait pas au champ. Et aujourd’hui n’allait pas faire exception. Elle n’avait d’ailleurs plus besoin de demander de permission pour se rendre chez lui tellement tout le monde était habitué à cela. 

Dès qu’elle fut seule dans la maison, elle prit son petit sac contenant son dîner froid gentiment préparé par Mireille, sa grand-mère, un jeu qu’elle avait acquis dernièrement et qu’il fallait absolument qu’elle montre à Alex ainsi que sa pierre porte-bonheur dont elle ne se séparait jamais. Cette dernière était la seule chose la reliant à ses parents.  On lui avait raconté que, durant un voyage, son père avait remis le caillou, qui possédait des reflets arc-en-ciels lorsqu’on le regardait d’un certain angle sous le soleil, à sa mère et qu’elle s’était mise à le trimbaler partout où elle allait. Kelly, comme pour lui rendre hommage, s’était mise à l’imiter dès qu’elle avait su cela. La plupart des gens de Thiercelieux souriaient devant tant de naïveté et se moquaient ouvertement d’elle, mais elle s’en fichait. Ce qui importait, c’était de savoir son porte-bonheur toujours avec elle. 

La gamine n’avait jamais su une traître information sur ses parents. On évitait toujours le sujet et le changeait lorsqu’elle posait une question concernant cela. Avec le temps, elle avait arrêté d’en poser, car tout cela ne menait à rien. Le pire, c’était que tout le hameau semblait dans le coup. Tous étaient mal à l’aise, alors qu’elle ne s’enquissait que de quelques menues informations sur ceux qui lui avaient donné la vie! Quel mal y avait-il à cela? 

Ces pensées harcelèrent Kelly tout le chemin menant à la demeure de son ami qui était à l’extrême opposée de la sienne. La balade à pieds ne prenait cependant qu’environ cinq minutes, tant la superficie de Thiercelieux était minime. 

Quand la mère d’Alex lui ouvrit tout naturellement la porte, Kelly lui fit un grand sourire auquel la femme enceinte répondit avec joie et entra.

— Alex? Kelly est arrivée! cria la dame.

Surgit des escaliers un enfant à la chevelure hésitant entre le brun et le roux aux yeux les plus expressifs du hameau et au visage moucheté de taches de rousseur. Alex était tout simplement un enfant craquant.

— Salut Kelly! fit sa petite voix. Y’a quoi dans ton sac? On dirait qu’il y a plus de choses que d’habitude.

— Oui, grand-père m’a fait un jeu de bois et il l’a fini hier soir, alors je voulais te le montrer!

— Ha oui! Super! Viens, on va aller jouer dans ma chambre!

Il la prit par la main et lui fit gravir les escaliers.

La maison de la famille du meilleur et seul ami de Kelly était sans contestation la plus grande de tout Thiercelieux. Ses parents venaient de la ville et s’étaient fait bâtir une grande maison. Mireille et Nicolas racontaient parfois encore comment la tranquillité du petit endroit avait été troublée par l’arrivée des camions venus pour la construction de ce qui hébergerait plus tard une belle petite famille. La seule autre maison de ce coin perdu comportant deux étages était celle de la vieille veuve Louise qui avait eu neuf enfants et dont un seul, Christophe, qui ne s’était jamais marié, vivait encore avec elle. 

Lorsqu’elle sortit son jeu, assise sur le sol, Alex fut aussitôt en admiration.

—Wow! Tu es tellement chanceuse! J’aimerais tellement ça que mon père me fasse un jeu comme ça!

C’était une sorte de petit moulin qui était actionné à l’aide d’une ficelle et, quand on tirait dessus, les hélices se mettaient à tourner pendant plusieurs tours. 

— Tu pourrais lui demander! Si tu veux, je pourrais lui prêter quelques jours pour qu’il puisse l’imiter.

Cela représentait un gros sacrifice pour elle, mais elle se sentait d’humeur généreuse, aujourd’hui.

— Je vais lui demander dès qu’il va revenir du champ!

Vers l’heure du souper, Alex demanda en suppliant à son père de lui fabriquer un moulin comme celui de son amie, ce qu’il accepta très vite.

— Ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé le bois, ça va me faire du bien de m’y remettre!

Malgré toute sa bonne foi, laisser son nouveau jouet le soir venu loin d’elle fut un défi. Elle aurait aimé de tout son cœur passer le temps, après le souper, à regarder tourner les hélices de son beau moulin. Mais elle se dit, pour s’encourager, que cela serait encore plus agréable dans le futur de partager des moments de la sorte avec son meilleur ami. 

Son sac qui n’était maintenant lourd que de son porte-bonheur et des plats vides de son repas cognait sur son dos. Son arrivé à la maison fut saluée par de délicieuses effluves en provenance de la cuisine. Elle devina aussitôt qu’ils mangeraient la soupe de sa grand-mère, un repas qu’elle adorait. Celle-ci avait réellement des dons pour la cuisine. 

— Ho! Grand-mère, ça sent tellement bon! 

— Ho, merci ma chérie. Ta journée s’est bien passée?

— Ho oui! J’ai joué avec mon moulin avec Alex et il en voulait un, alors je l’ai laissé chez lui pour que son père puisse lui en faire un.

— C'est très généreux de ta part, Kelly! Tu me surprends.

— Oui, ça n’a pas été facile de faire ça, mais j’avais envie qu’Alex puisse en avoir un lui aussi. Et votre journée s’est bien passée?

— Très bien, merci! répondit Nicolas. Ça a été très productif! 

— Super, alors! 

Le souper se passa, comme à l’habitude, dans le calme et la gaieté. Le trio discuta surtout des récoltes, dans le champ collectif de Thiercelieux, et de la journée de Kelly. Celle-ci alla ensuite prendre sa douche avant de se coucher. Lorsque ses grands-parents vinrent la border, elle les retint au dernier moment pour leur poser une question qui la tracassait depuis son départ de la maison.

— Dites? Vous croyez que... que mes parents m’aimaient?

Le couple se jeta un coup d’œil incertain et, comme s’ils avaient communiqués par la pensée, ils répondirent pêle-mêle:

— Oui, bien sûr, certainement!

Satisfaite, Kelly leur fit un sourire, les remercia, puis se retourna et ferma les yeux, juste un peu trop tôt pour voir la lueur indescriptible dans les yeux de ses aînés.

J’ai décidé de ne pas mettre « à suivre » à la fin, car je trouve que cette combinaison de mots sonne plus comme la fin d’un tome plutôt que d’une partie d’une histoire, comme ce que je fais. Je ne mettrai donc pas ces mots à la fin, mais vous saurez que cela continue, car ce n’est, du moins pour le moment, que le début de cette histoire! Ce n’est que comme le premier chapitre! Et quand ce sera réellement terminé, je mettrai un joli « Fin! ». Je suis contente d’avoir ça de fait. Le début est souvent le plus dur à trouver, car une fois cela fait, tout décolle, et il ne reste plus qu’à suivre la vague! Cela fait, les bases de l’histoire construites, j’ai l’esprit plus libre pour m’envoler. 

Et, voilà, qu’est-ce que j’avais dit? Ça fait deux jours que j’ai publié la présentation de mon blog et déjà un autre article (je sais pas trop comment appeler ça et, quand je vais voir pour mes statistiques, qui dit articles: 2 (pour l’instant) donc j’appelle ça un article, voilà), alors que je me suis fixée comme objectif un par semaine! Et c’est de la faute du temps des fêtes, aussi, j’ai plein de temps pour faire ça! Bon, j’ai toujours un devoir de math à faire que notre prof nous a donné la dernière journée avant les fêtes 😒 mais il me reste plein plein de temps pour le faire. 

J’espère que le début de « Nouvelle Lune » vous aura plu! Je n’étais pas très inspirée pour le titre, donc c’est pas le nom le plus original, mais je l’aime quand même bien. 

Sur ce, il est temps pour moi de conclure comme je me suis dit que je le ferai à chaque fois (vous avez rien dû comprendre la dernière fois quand j’ai conclus, vous avez dû vous dire « hein? Qu’est-ce que ça fait là ça? » 😂). Je trouve que rester positif est la base d’une existence heureuse, car si on voit un malheur dans tout ce qui nous arrive, ça ne risque pas de très bien tourner... Alors:

Et n’oubliez pas, restez positifs!